Cet article fait suite au récit, que je vous conseille d’avoir lu avant histoire d’avoir tout le contexte nécessaire.
Après avoir rédiger un récit déjà relativement détaillé, je vais donner ici plusieurs bilans. Il y aura un peu de tout : des chiffres, du matériel, du vélo…
La Sea To Peak en chiffres
- 2140km et 31000m de D+ (environ, cf. section suivante)
- Délai de 14 jours et 14h pour la vague du samedi et 24h de moins pour la vague du dimanche
- 40 participants : 28 partis le samedi, 12 le dimanche
- 5 féminines
- 20 abandons (15 du samedi, 5 du dimanche) pour des raisons diverses et variées : chutes, blessures, douleurs, trop lents, etc. Il y a aussi 1 participant qui a fini mais hors-délai. A ma connaissance il n’y a eu « que » une blessure grave.
Ma Sea To Peak en chiffres
Quelques notes et remarques :
- Au total j’ai mis 12 jours 12 heure.
- Les distances théoriques (issues de VisuGPX) et réelles sont quasi-identiques, les différences s’expliquant par les détours hors traces que j’ai pu faire
- A l’inverse, les dénivelés peuvent être très différents. Comme toujours c’est compliqué de savoir qui a raison (ou qui s’approche le plus de la réalité), mais d’expérience VisuGPX sous-estime les dénivelés pour les parcours très vallonnés. Komoot donne des valeurs assez proche de celles de mon GPS, et les autres participants avaient plus ou moins les mêmes valeurs, donc à choisir je crois plutôt mon GPS (ce qui m’arrange 😀 ). Officiellement la trace complète avait 31000m de D+, mais Fred estimait que cette valeur était peut-être sous-estimée.
- La difficulté est notée sur 5 et est un savant mélange au doigt mouillé entre technicité et physique. Par exemple la dernière étape est de 4/5 uniquement de par son dénivelé conséquent, alors que l’étape 11 est aussi de 4/5 mais plutôt du fait de ses quelques passages techniques. Cette notation est donc très personnelle.
- Avec 80% de temps roulé entre le départ et l’arrivée chaque jour, j’ai légèrement amélioré mon score de la RAF (qui était à 79%, mais sans les poussages qui ont potentiellement bien baissé les valeurs). Comme toujours, c’est l’un des points importants pour progresser. J’imagine que les meilleurs se rapprochent de 95% : j’ai notamment entendu que sur le Tour Divide, les pros ne dépassent pas les 1h30 de pauses cumulées en une journée de plus de 20h.
- En moyenne mes journées ont duré 16h ; comme je pense qu’en moyenne j’ai dormi entre 6 et 7h , ça veut dire que je « perdais » entre 1 et 2h au bivouac (soit le soir, soit le matin). Parfois ça s’explique par une forme de vie sociale (notamment aux checkpoints 2 et 3), mais sinon il y a probablement pas mal de temps à récupérer là. Le matin je mettais entre 20 et 30min grand max à partir, ce qui est pas trop mal et ne laisse pas grand chose à améliorer. C’est donc le soir que je dois devenir plus efficace, mais entre le temps pour manger (j’aime bien faire une sorte de « vrai » repas) et de décompresser/me calmer, je sais où je perdais du temps. Et je ne vais pas mentir, si je n’avais pas eu mon téléphone j’aurais été bien plus rapide…
Le bonhomme
Avant
Pour l’entrainement j’avais roulé environ 5500km en 2023. J’étais plutôt dans la fourchette haute des participants, mais j’ai fait la quasi intégralité de l’entrainement sur route ce qui biaise beaucoup les chiffres. J’avais aussi pas mal de D+ sous la ceinture, avec de gros week-ends alpins (plus de 11000m de D+ en 3 jours par exemple). En guise d’entrainement VTT je n’avais que 1400km de parcours non technique (mais montagneux) en Espagne. Malgré ces chiffres relativement raisonnables je ne me sentais pas prêt, notamment parce que pour la RAF j’avais quasiment deux fois plus de kilomètres dans ma préparation.
J’avais aussi environ deux séances de course à pied par semaine pour un maigre total d’un peu plus de 20km. Pas sûr que ça ait vraiment influé ma préparation, mais ça me permettait d’être actif tout en variant les plaisirs.
Pendant
Malgré toutes mes chutes (dont deux un peu plus effrayantes que les autres), je termine sans blessure. Globalement mon corps n’a pas trop mal vécu la chose, à part au niveau des genoux. C’est le même problème que je traine depuis que je fais sérieusement du vélo, un jour il faudrait que je trouve comment le corriger définitivement. J’ai l’impression que le raccourcissement des manivelles (déjà testé sur mon vélo de route, où je suis passé de 172,5mm à 165mm) aide beaucoup, mais comme j’ai fait la modif le soir du 4ème jour c’était déjà trop tard.
Au niveau des autres petites douleurs :
- Fessiers : quelques matins un peu douloureux, mais ça allait mieux une fois chaud. Je n’ai vraiment pas à me plaindre sur ce point, j’ai moins souffert que sur la RAF. Ça s’explique probablement par les nombreux changements de rythme et de position liés au VTT, ainsi que par le fait que j’étais souvent en danseuse pour soulager mes genoux.
- Pieds : quelques irritations liées au non lavage de mes chaussettes. Ça allait beaucoup mieux après que j’ai acheté des paires de remplacement pour faire tourner.
- Poignets : j’avais parfois des engourdissement allant jusqu’à une douleur sourde, notamment après de longues descentes un peu techniques. Peut-être un problème de position, mais surtout un problème de crispation de ma part. J’ai aussi eu quelques fourmis dans les pouces et j’ai perdu de la force dans les mains (une semaine après, je n’arrivais toujours pas à ouvrir un pot de confiture).
Bref, rien de méchant et surtout lié aux points de contact, comme je pouvais m’y attendre.
J’en ai déjà bien parlé dans mon récit, mais la gestion du sommeil a été plutôt correcte. Mes deux critères que j’essayais de respecter autant que possible était de dormir au moins 6h et de ne pas commencer à rouler avant le lever du soleil. De manière générale j’aime bien rouler le soir et ça ne me dérange pas de continuer jusqu’à assez tard, sauf bien sûr si mon manque de sommeil est trop important et mes yeux se ferment tout seul, donc j’adaptais mes journées en conséquences.
Après
Pas de douleur persistante. J’ai pu aller courir 4 jours après la fin, et même si mon corps était globalement fatigué ça s’est plutôt bien passé. Mon seul souci est la récupération du sommeil, avec toujours une fatigue persistante une semaine après mon retour.
Le vélo
Partie mécanique
J’avais un Orbea Alma M (carbone semi-rigide) acheté d’occasion. Peu de changements par rapport à la bête de base, mais quelques informations notables :
De manière générale j’avais un vélo assez standard comparé aux autres. Il y avait quelques VTT rigides (souvent acier d’ailleurs), un ou deux tout-suspendus, et quelques gravels. Je ne pense pas que cette dernière solution soit la bonne, sauf si on sait ce qu’on fait et qu’on est particulièrement bon techniquement et physiquement (du fait du développement souvent moins important).
Portage et équipement
L’essentiel de mes affaires était dans la sacoche de selle Revelate Design Terrapin Design 14l dont j’aime beaucoup le système de sacoche décorrélé du support. Par contre mon modèle a vieilli et s’affaisse beaucoup, ce qui fait que le support par sur le côté et peut frotter contre ma cuisse (surtout sur mon vélo de route), et surtout la sacoche est plus basse et peut être en contact avec la roue dès que le terrain secoue un peu. L’élastique sur le dessus du support est une fonctionnalité importante pour moi, me permettant d’y accrocher mon (petit) cadenas et la nourriture de la journée.
Comme j’ai un matelas assez encombrant je le fixait séparément sur le cintre dans un sac étanche, en compagnie du tapis de sol. La fixation se faisait grâce à deux sangles, auxquelles j’ai ajouté un scratch pour éviter de perdre le sac si jamais les sangles se desserraient.
Pour pouvoir mettre plus de choses au niveau du cockpit j’ai ajouté un support supplémentaire sur lequel j’ai mis une petite sacoche qui ne servait globalement qu’à contenir les snacks de la journée. Cette sacoche était un poil trop petite. J’avais aussi une sacoche de cintre de bikepacking (food pouch) qui contenait des éléments qui pouvaient m’être utile dans la journée : crème solaire, huile de chaine, chargeur, batterie externe pour le GPS, imperméable si météo mauvaise.
Le GPS était fixé sur la potence, et la lampe sur le cintre. J’avais aussi un (mauvais) support de téléphone : première fois que j’en utilisais un en course, très pratique pour pouvoir consulter le téléphone sans avoir à s’arrêter. La balise GPS de la course était fixée à côté.
Globalement le système est à revoir, parce que je n’avais pas vraiment assez de place pour stocker toutes les affaires nécessaires dans la journée, et la lampe était bloqué par la sacoche ce qui faisait que la partie gauche était mal éclairée. Une possibilité serait peut-être de mettre les bidons ailleurs pour pouvoir avoir une sacoche de cadre (pas complète) qui remplacerait les deux sacoches du cockpit.
J’avais aussi deux bidons pour une capacité totale d’environ 1,6l. C’était globalement plus qu’assez, il n’y a eu qu’un moment où j’ai eu un peu soif mais en demandant à des habitants ça s’est bien passé. Bien sûr, ça nécessitait parfois un peu d’attention, notamment en fin de journée pour prévoir le bivouac. Dans ce cas j’essayais de beaucoup boire avant et pendant le dernier remplissage des bidons histoire d’avoir pas trop soif après et de pouvoir tenir jusqu’au lendemain, ce qui marchait très bien. L’un des deux bidons était celui fourni par l’organisation : de marque Tacx, il était particulièrement bien et permettait de boire rapidement sans avoir à forcer dessus. Les deux supports de bidons étaient à dégagement semi-latéral, ce qui était très pratique vu le petit cadre du VTT.
Enfin, j’avais un mini sac de chez D4 (qu’on peut voir sur la photo du vélo plus haut) qui me facilitait les courses et me permettait d’accrocher facilement la nourriture en rab sur l’élastique de la sacoche hier. Je l’ai aussi porté sur le dos pendant une petite journée, lors de la section sans ravitaillement entre le Diois et Embrun. Très pratique, maintenant je ne partirai plus sans.
Matériel
La liste complète peut être trouvée sur Lighterpack ici.
Habits
Je suis parti dans la même configuration qu’habituellement.
Couchage
Globalement j’ai l’impression que tout ce que j’ai pris était logique, même si je ne m’en suis pas servi. Pourtant j’aurais bien aimé avoir été plus léger ou moins volumineux, mais je n’ai pas trop d’idée de comment faire ça sans sacrifier trop de confort. Pour rentrer dans les détails :
Électronique
J’ai fait le choix de ne partir qu’avec une batterie de 10000mAh dont le rôle était de recharger le compteur GPS (Garmin Edge 530) et d’assurer une charge du téléphone en cas d’urgence. Pour le téléphone, j’avais son chargeur rapide (67W) qui permet de le recharger presque intégralement en environ 30 minutes. Tous les jours, je profitais d’une pause quelque part pour le charger. Le système a globalement bien marché, même si ça oblige à penser un peu trop souvent à trouver une prise.
J’avais aussi un chargeur double-sortie permettant de tout recharger si je passais une nuit à proximité d’une prise. Les deux chargeurs étaient un peu volumineux, mais me permettait de tout recharger facilement sans avoir à changer les objets branchés. Globalement je ne sais pas si le système était meilleur que d’avoir de plus grosses batteries externes. Le passage au moyeu dynamo serait une autre option, mais trop couteuse pour l’usage que j’en aurais sur ce vélo (si je pouvais avoir le même moyeu dynamo sur mon vélo de route je le prendrais sans hésiter, mais là avec deux vélos à équiper ça ferait trop cher).