Mini-traversée du Vercors en raquettes

Ça y est, de la neige ! Enfin, un peu. Assez pour faire des raquettes ? C’est ce qu’on va voir. Direction le Vercors, pour une mini-traversée sud → nord avec nuits en cabanes. L’occasion pour moi de découvrir tranquillement la rando en hiver.

Un grand merci à Yno et son frère pour m’avoir prêté la paire de raquette. 🙂

Jour 1 : Chichilianne → Chaumailloux

Le train me dépose à Clelles-Mens. J’ai normalement quelques kilomètres peu intéressants avant d’attaquer les réjouissances, mais la première voiture qui passe est émue par mon pouce. C’est un accompagnateur en montagne, et la courte route jusqu’à Chichilianne se fait en parlant du Vercors. Malheureusement, il n’est pas encore monté depuis les chutes de neige, donc il ne peut pas me renseigner sur ce à quoi je peux m’attendre.

À Chichilianne, je remplis les réserves d’eau, mange une pomme, et attaque la montée. Le début est plutôt tranquille, puis ça monte franchement. La neige ne m’embête pas jusqu’à environ 1500m, où je mets les guêtres. En montant droit dans la pente au soleil plutôt qu’en restant sur le chemin à l’ombre, j’évite le plus gros de la neige et peux donc avancer sans les raquettes.

Au pas de l’Essaure, je tourne au nord pour rester sur la crête et monter directement à la tête Chevalière. La progression est facile et je zig-zag entre les plaques de neige. En chemin, je croise de beaux mâles bouquetins qui prennent la pose devant les haut-plateaux. C’est beau. Je grignote à la tête Chevalière, avant d’enfiler les raquettes et de descendre dans la combe Chevalière. La neige est lourde, même à l’ombre ; j’ai l’impression de faire une rando de printemps plutôt que de début d’hiver. Au moins pour ce passage, je suis content d’avoir pris les raquettes.

J’arrive assez tôt à la cabane de Chaumailloux, déserte mais à la porte grande ouverte (il y a même un peu de neige à l’intérieur). Je me pose une petite heure pour lire, avant d’aller prendre de l’eau à la source (qui coule) puis d’aller me balader vers la plaine de la longue Fissole et les pentes de la tête des Baumiers pour admirer le coucher de soleil.

Dodo seul dans la cabane. Vu sa fréquentation habituelle, il faut savourer. J’en profite pour commencer, continuer et finir The Princess Bride de William Goldman, plutôt sympa.

Le mont Aiguille vu du bas


Neige, montagne et lune


Piste verglacée pour commencer



Arrivée au pas de l’Essaure


Tête Chvalière, Grand Veymont, Mont Aiguille


En chemin vers la tête Chevalière


Quelques bouquetins flannent


Et savourent le paysage


Ciel et neige


Mintée finale vers la tête Chevalière





Le Mont Aiguille fait son timide


Vue depuis la plaine de la longue fissole


Coucher de soleil depuis les pentes de la tête des Baumiers




Jour 2 : Chaumailloux → Tiolache du milieu

Comme prévu, le ciel est nuageux. Je pars vers 8h sur les sentes qui traversent Peyre-rouge. Il faut être un peu attentif pour trouver les cairns sous la neige, mais l’orientation se fait sans souci grâce à la bonne visibilité. Par contre, je découvre avec effarement ma vitesse de progression avec des raquettes. C’est moitié moins qu’à pied ! Heureusement que je m’étais prévu de petites journées… La montée finale vers le col des Bachassons se fait en naviguant entre les zones enneigées et celles sèches. Parfois, mon bâton (celui sans rondelle) s’enfonce de près d’un mètre, et quelques pas plus loin je marche sur l’herbe… On voit là l’œuvre du vent.

La fontaine des Bachassons coule sous la neige, ce qui me permet de me recharger en eau. Une fois n’est pas coutume, je passe au pied du Veymont sans monter lui dire bonjour : les pentes raides et enneigées ne m’inspirent pas confiance. Je continue par le pas de Chattons et coupe ensuite pour rejoindre la fontaine des Serrons. Là encore, l’orientation est facile, et j’arrive pile-poil sur la fontaine alors que je n’ai pas réussi à suivre les cairns. Je grignote et je repars sur le GR (pas de trace).

J’arrive à la Chau (la fontaine coule un peu sous la neige, je reprends de l’eau) et continue. Malgré quelques détours plus ou moins volontaires, j’arrive à rester sur le GR jusqu’à la jasse du Play, que j’atteins assez tôt. Je me pose pour lire, avant d’avoir un moment d’inspiration : pourquoi ne pas aller me poser à Tiolache ? Il est tôt, et ce sera ça de fait pour demain.

Il est 16h quand je repars, et j’ai une heure avant le coucher du soleil (soleil qui est au dessus des nuages d’ailleurs). Sauf que je suis en raquette et je me traine, et surtout je perd plusieurs fois le GR. Je finis en coupant droit dans la forêt pour rejoindre la clairière de Tiolache du milieu, non sans avoir perdu pas mal de temps à tourner en rond en cherchant le GR. J’arrive avec la nuit à la cabane, à 17h30. Je ne serais pas seul cette nuit : deux skieurs arrivés juste avant moi et venant de Corrençon sont là aussi.

Soirée tranquille. J’utilise pour la première fois mon réchaud à gaz pour faire fondre de la neige et faire des réserves pour le lendemain.

Vue du pas de la porte au petit matin


Chemin vers le ciel


Traversée du plateau des Aiguillettes


Les pentes du Grand Veymont


À travers la forêt


Selfie par ombre interposée


Jour 3 : Tiolache → Grand Pot

Comme prévu, c’est très nuageux aujourd’hui. D’après la météo, ça doit se lever à la mi-journée. Je pars donc assez tard, vers 9h, avec pour idée de profiter du retour du soleil une fois sur les crêtes. Je rejoins tranquillement Tiolache le haut en suivant les traces des skieurs, avant de continuer droit dans la pente pour rejoindre le pas de Serre-brion. De temps en temps, je croise des cairns qui m’indiquent que je suis sur le bon chemin.

Une grosse zone de ciel bleu me passe derrière moi et va se poser au sud, alors que je reste sous les nuages. La crête est dégagée, donc je ne m’inquière pas trop et me lance dans la traversée. Du pas de Serre-brion au pas Étoupe, c’est long, très long. Je m’y arrête pour manger un bout et attendre que les nuages qui sont venus encombrer les crêtes veuillent repartir, mais c’est peine perdue. Je continue dans la purée de pois, me fiant à mon alti pour savoir à peu près où je suis. Je passe le pas Morta sans rien voir (à part le panneau qui confirme ma position), et arrive bien plus tôt que ce que je commencais à craindre au pas Ernadant. En chemin, je croise bouquetins et chamois. La progression est difficile, en devers dans cette neige lourde. Plusieurs fois, je mets en pratique l’arrêt « coude-genou-bâton » : quand je me sens partir en glissade, je plante tout dans la neige. Peu académique, mais ça marche bien.

Du pas Ernadant, c’est facile. Enfin, normalement ; mais avec ce brouillard, j’espère ne pas me tromper de talweg pour redescendre vers le grand pot. Heureusement, assez rapidement je sors des nuages pour me retrouver dans la pluie. Au moins, maintenant je vois le grand pot, que j’atteins rapidement.

Je vais me poser à la cabane. Session fonte de neige, et je me pose au lit pour lire. Il est 16h, je me prévois une bonne session lecture. J’aime.

Peine perdue : à 17h30, trois femmes arrivent, et m’indiquent que 3 hommes doivent les rejoindre. L’une d’entre elle est « Sherpanette », et fait partie du groupe de personne se sentant le devoir d’entretenir la cabane. Et plus tard, un autre groupe de 4 personnes arrive, malgrè les efforts de Sherpanette pour les faire aller dormir à Carette. Pas grave, ils n’auront pas de place sur les matelas. Soirée plutôt moyenne, avec Sherpanette qui se prend pour une gardienne de refuge et clamant plusieurs fois (et jusqu’à 23h passée) que le fait d’entretenir la cabane « leur donne le droit d’en jouir comme ils le veulent ». Bref, leçon retenue : ne pas venir ici un samedi soir.

Pas de Serre-brion


Le ciel bleu n’est pas loin



Petite pause au pas Étoupe


Progression à l’aveugle sur les crêtes


Silhouette


Jour 4 : Grand Pot → Corrençon

Je me lève vers 8h30, réveillé par Sherpanette qui scie du bois à l’intérieur (oui oui…). Le ciel est encore bien bouché, et donc règle mon problème d’indécision concernant un retour sur la crête pour profiter de la vue. Je ne m’attarde pas trop et prends le chemin bien tracé qui passe par le ranc de l’abbé pour rejoindre les pistes de ski de fond de Corrençon. Vers 1400m je retire définitivement les raquettes, qui m’auront finalement bien servi.

Deux voitures en stop plus tard, je suis à Villard, d’où je prends le bus pour Grenoble. Voilà, c’est fini pour cette fois. Comme voulu, j’ai eu droit à une petite introduction facile à la rando raquette. Malgré le peu de difficulté de mon parcours (encore que, les crêtes dans le brouillard, c’était pas super malin) j’ai pu apprendre quelques petits trucs. Le plus important est probablement de ne surtout pas surestimer ma vitesse de progression raquettes au pied. J’étais à 2 ou 2,5km/h, ça fait peur…

Je ne sais pas si je l’ai déjà dit, mais j’aime le Vercors, sous le soleil ou le brouillard, en été comme en hiver, à pied ou en raquette. 🙂

Premier chemin déjà tracé depuis 3 jours


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