J10-14 : Dans la pampa chilienne

Le jour de repos à Punta Arenas était censé me permettre de rattraper mon retard sur mon blog (eh oui, déjà…). Mon manque de motivation remporta la bataille, et ce fut littéralement un jour de repos, du genre de celui où on ne fait rien. Qu’à cela ne tienne, le repos aussi est important lorsqu’on voyage, donc ce n’est pas très grave (mélange d’auto-persuasion et de justification). Et je suis sûr que j’arriverai à rattraper mon retard une fois parti sur la route (spoiler alert: c’est faux).

Bref, je repars le lendemain plein de bonnes intentions. Comme vous vous en doutez déjà, ce sera raté pour le blog, mais niveau kilométrage ce sera honnête avec 120km au compteur en fin de journée malgré un départ tardif. Certes, j’ai bien été aidé par un vent de dos (qu’il faut savourer, parce que ce ne sera pas courant pour moi), mais tout de même je suis content de dépasser franchement les 100km pour la première fois.

Je suis maintenant de plein pied dans la pampa, ce qui veut dire qu’au delà du fait qu’il n’y a rien à voir, il faut planifier son bivouac pour avoir un abri contre le vent omniprésent (encore lui). Pour cette nuit, ce sera un vieux refuge en bord de route. C’est une cabane branlante sentant bon le foin et la poussière, mais c’est le paradis à mes yeux fatigués.

Le lendemain, la pluie a fait son apparition, et le vent a tourné. Ma motivation se terre donc avec moi tout au fond de mon duvet, et je ne quitte la cabane qu’aux alentours de 14h, quand il semble que le soleil a définitivement gagné la bataille des cieux. Je sais que 30km plus loin de trouve une maison abandonnée qui sert de refuge aux cyclistes, et je l’élis donc comme mon objectif (peu ambitieux) de la journée. De toute façon, après cette maison les possibilités de bivouac sont peu nombreuses et le vent fait réellement rage, donc je n’ai que peu de scrupule à m’arrêter là.

Je ne serais pas seul ce soir là : un argentin en vélo avec son chien me tiendra compagnie. Son anglais est à peine meilleur que mon espagnol, mais il m’offre un bon bout de la truite qu’il vient de pêcher donc je sais qu’il est super sympa. Il tente même de m’apprendre à pêcher, mais je ne montre aucune prédisposition à cet art délicat et je préfère jouer avec son chien pendant qu’il fait tout le boulot.

Comme toujours, je me réveille avec le soleil (c’est à dire vers 6h). Comme le matin le vent est plus calme, je ne fais pas la même erreur que la veille et ne tergiverse pas avant de partir. Puerto Natales n’est qu’à 105km, donc c’est une bonne motivation pour me pousser à avancer. Encore une fois, la pampa se montre peu excitante et la seule chose qui vient épicer mon trajet est (devinez quoi) le vent. Pour le coup le repas en devient presque indigeste, et c’est dur de ne pas abuser de pauses. Heureusement j’ai mes podcasts qui me tiennent compagnie. Pour pouvoir les écouter je suis obligé de mettre les deux écouteurs, ce que je n’apprécie pas trop sur la route ; mais le vent m’empêche d’entendre les voitures dans mon dos sans même que j’ai les écouteurs, donc finalement ça ne change pas grand chose.

À Puerto Natales je trouve rapidement du wifi pour prendre des nouvelles de Killian. Il m’apprend que lui et Fan ont pris un jour de repos, que leur hostel est pas mal et pas trop cher (10000 pesos, soit 13€ la nuit : honnête en Patagonie). J’hésitais à ne faire que passer en ville, mais il ne m’en faut pas plus pour me convaincre de rester. Durant la soirée nous étudions les différentes options pour aller visiter Torres Del Paine, le fameux parc national au nord de la ville. Nous nous mettons d’accord sur la meilleure alternative et décidons donc de rester plus ou moins ensemble pour les jours à venir.

Le départ de l’hostel se fait un peu tard, principalement à cause de moi : n’ayant « que » 90km à faire, je n’ai pas envie de partir trop tôt. Le début en bord de mer est sympa et tranquille, mais ensuite la route devient de plus en plus vallonnée. Nous perdons assez rapidement Fan de vue, et Killian et moi avancont de concert alors que la route devient du gravier (ce qui ne ralentit pas les mini-bus touristiques qui vont et viennent). Au fur et à mesure les montagnes s’approchent et de nombreuses pauses photo s’imposent. Les majestueux sommets de Torres del Paine et leurs glaciers se voient de loin et ne sont pas bon pour notre rythme.

Une dernière rude montée plus tard, je redescends (j’ai perdu Killian en route) vers l’entrée du parc. Comme le bivouac y est interdit, je fais un détour (proche sur le papier, mais y’a une belle colline au milieu) pour aller bivouaquer au bord d’une rivière avec une superbe vue sur les montagnes. Killian me rejoint un peu plus tard, et nous passons le reste de la soirée à prendre des photos tout en se demandant si Fan va arriver (il n’arrivera pas, mais plus tard il nous dira qu’il avait campé à moins d’un kilomètre).

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