De Chambéry à Grenoble par la Chartreuse

Me voilà de retour d’une superbe rando dans un massif peu couru comparativement à son voisin du Mont Blanc. C’est une région que je connais bien, mais je n’avais pas fait toutes ces randos parfois un peu engagées, donc j’y suis retourné pour ça… Et j’en profite pour vous faire découvrir cette magnifique région ! (Comment ça, je suis chauvin ?)

Pour situer un peu, le massif du Giffre se situe juste au nord de celui du Mont Blanc et s’étend jusqu’à Morzine et en Suisse, où il côtoie le Valais. Une assez grande partie est en réserve naturelle (celle des Aiguilles Rouges au sud, celle de Sixt-Passy au milieu), ce qui fait que les paysages sont assez bien préservés. Le coin est assez connu des amateurs d’animaux (et de photographie), vu que ça a été un secteur de réintroduction du bouquetin (il y a 30 ans…) et maintenant du gypaète barbu (un couple a son nid au dessus de Sixt et vient d’avoir un petit), qu’il y a plusieurs couples d’aigles, pas mal d’animaux… Au niveau de l’altitude, ça monte allègrement à plus de 3000 mètres, les chemins vont de la grande voie familiale aux passages de contrebandiers (j’en passerai plusieurs, assez exposés). Bref, de quoi donner envie d’y aller, non?

Jour 1 : Samoëns → Barme (début du tour des Dents Blanches, noté TDB)

Départ de chez moi peu avant 6h pour aller à la gare, et déjà la nature m’appelle :

Visiteur du matin.

3h de train, puis du stop (par chance, je ne dois attendre que 5 minutes avant que des Lyonnais qui vont se balader à Sixt m’embarquent). Une fois à Samoëns, je marche quelques temps le long du Clévieux, sur le gr5, pour rejoindre le départ du sentier vers le refuge du Folly. La sortie de sous les bois juste sous le refuge me propose un premier panorama :

Dès qu’on sort des arbres, le paysage est magnifique. Au fond, les derniers
chaînons des Dents Blanches.

Ensuite commence les choses sérieuses. Je ne croiserais plus personne jusqu’à ma redescente en Suisse… La montée vers le col du pas au taureau se fait dans les Lapiaz, il faut mettre les mains :

Le chemin se perd dans les lapiaz.

Lorsque j’arrive au col (2550m), les nuages ne sont pas loin, mais je vois en contrebas le refuge de la Vogealle, vers lequel je passerai le surlendemain :

Le lac, 500m plus bas.

Bien benoîtement, je me dis que le pas au taureau n’était pas si délicat que ça… Mais en fait il m’attend lors de la descente

Premier passage délicat… Mais pas le dernier !

Je me dirige donc via des passages quelques peu délicats (rien de bien méchant non plus, hein) vers le col de Bostan, d’où je continue de descendre et passe en Suisse. Je dois passer par le pas de la Bide, pas difficile mais… étroit :

Heureusement que mon sac n’est pas gros.

Ces pas sont assez aériens, et étaient utilisés par les contrebandiers qui passaient du tabac en France. Les deux jours suivant j’en franchirai encore deux, dont un très aériens…

Bref, après le pas de la Bide j’arrive en vue de la Suisse, et ça se sent : les alpages sont dignes des pub Milka, il ne manque plus que les vaches soient violettes ! Tout est bien rangé, les chemins sont sans mauvaise herbe…

Décor de carte postale.

Lorsque j’arrive à Barme, un panneau indique aux visiteurs les circuits proposés : “circuit des lacs d’Antème : 2h49”. Oui, c’est précis à la minute… Ah, ces Suisses… !

Par contre, la suite me fait moins rire : tout est si bien organisé qu’il m’est impossible de trouver une place pour bivouaquer. Tout appartient à quelqu’un, il y a des barbelés de partout… Je me rabats au bord de la rivière, mais ma tarp sera toute trempée par la condensation le lendemain matin… :/ Mais au moins, j’ai une belle vue :

Le soleil couchant sur les Dents Blanches.

Jour 2 : Barme → Susanfe (suite du TDB, avec incursion dans les Dents du midi)

Aujourd’hui, un beau sommet m’attend : la Haute Cime des Dents du midi, qui culmine à 3257m. Mais avant ça, je pars de Barme en direction de Susanfe. Je dois passer par le pas d’Encel (désolé pour la mauvaise photo, mais avec le soleil à contre-jour ce n’était pas facile…) :

Le pas d’Encel, au dessus d’une gorge profonde…

Quelques passages chaînés et une croix posées en 2005 pour indiquer qu’il y a eu un mort ici sont les seules (petites) difficultés.

Une fois dans le vallon de Susanfe, je peux voir le côtés suisse des Dents Blanches :

Un côté que j’ai moins souvent vu…

Mais aussi mon objectif de la journée, la Haute Cime :

C’est (de loin) le sommet le plus haut visible.

Je dépasse la cabane de Susanfe et monte vers le col éponyme, d’où la vue sur le vallon de Susanfe est superbe :

Le vallon de Susanfe sous le soleil de midi.

De là, la montée sera raide… Très raide…

Ça monte, ça monte…

Je serais bien allé piquer une petite tête moi…

Au sommet, la vue est splendide : on surplombe la vallée du rhône de près de 3000m et on peut admirer la chaîne du Mont Blanc…

Le Rhône est loin en bas.

Et le Mont Blanc est loin au sud.

Puis je redescend en contrebas de la cabane de Susanfe, où je pose mon bivouac pour la nuit. Même s’il est assez tôt (16h), je n’ai pas trop le choix : plus loin sur le chemin je ne pourrais pas bivouaquer, paysage minéral et glaciers obligent…

Jour 3 : Susanfe → les Crépines (fin du TDB et traversée en balcon de Sixt)

Aujourd’hui une longue journée m’attend. Mais dès le réveil, je peux déjà admirer le paysage :

C’est beau, hein ?

Plus loin, je dois passer le fameux passage des ottans. Il est très aérien et long, le but est donc d’arriver assez tôt pour ne pas être bloquer par des randonneurs allant dans l’autre sens.

L’arrivée sous les Ottans.

En fait, c’est plus une via ferrata qu’un chemin de rando :

Une fois n’est pas coutume, je mettrais les bâtons sur le sac.

Je préfère monter que descendre.

Pareil qu’hier, vaut mieux pas avoir un sac trop gros.

Mais une fois au sommet de la tête des Ottans, une surprise m’attend. En effet, alors que je commence à descendre plein bourre, au détour du premier virage…

Ce sont 4 bouquetins assez jeunes (il y en a un qu’on ne voit pas).

Et un peu plus loin ce sont deux bouquetins plus âgés qui se tiennent sur le chemin :


De sacrés cornes…

Le plus marrant, c’est que 2 minutes auparavant je discutais avec un couple (qui faisait un A/R depuis Susanfe) qui me disait qu’ils regrettaient de ne voir que peu d’animaux…

Après avoir bien mitraillés les bouquetins, je continue la longue descente vers le fer à cheval, 1500m plus bas. De beaux points de vue sur Sixt se dégagent :

La belle réserve de Sixt.

Arrivé en bas, je suis dans un coin hyper-touristique. Le fer à cheval est le second plus grand cirque glaciaire de France, et se prolonge d’un côté par le fond de la combe (surnommé le bout du monde, ce qui fait dire aux habitants de la vallée que Sixt est “le trou du cul du monde”…) :

Ce n’est pas pour rien que ce site est touristique…

Mais rapidement je quitte ce secteur pour remonter sur la montagne d’en face. Le chemin est encore long : je monte aux alpages de Commune, puis redescend vers la toute petite station de Sixt (traversée en 10 minutes), puis remonte vers le refuge du Grenairon, puis redescend vers les chalets des Crépines, où je plante le bivouac. Malheureusement les nuages m’empêchent d’admirer le
panorama…

Jour 4 : les Crépines → Sales (tour des Fiz)

Au petit matin, le soleil embrase la forteresse des Fiz :

Impossible de faire l’ascension des Fiz de ce côté…

Je descend vers les Fonts, où se trouve un autre cirque glaciaire assez beau :

Le cirque des Fonts, plus confidentiel que celui du Fer à cheval.

De là, je remonte (et ça monte !) vers le lac d’Anterne :

Les contreforts de la chartreuse

Les contreforts du Buet.

Les Fiz se cachent un peu.

Le coin pullule de marmottes.

Le lac, avec le col en arrière plan.

Ensuite j’atteins le col d’Anterne, où il y a un magnifique panorama sur le Mont Blanc. Enfin, assez souvent…

Moi, j’ai le brouillard, na !

Je redescend vers Ayères. Le chemin est bien indiqué…

Le cairn de Gizeh.

Par contre, d’ici je vois bien le Mont Blanc…

Et enfin, je me dirige vers Sales par le dernier passage critique de ma rando (et pas le moindre) : le dérochoir. Le début de la montée est soutenu, avant que l’on passe dans un pierrier où il faut mettre les mains. Et tout d’un coup, le chemin s’arrête, et on repasse en mode via ferrata :

Le chemin ? C’est tout droit.

Le désert de Platé, plus grand désert calcaire d’Europe (rien que ça).

Au milieu, le vallon de Sales.

Et à droite, les Fiz vues de leur côté accessible.

Moins de 40 minutes plus tard, me voilà au refuge. Il est assez tôt, mais je m’arrête là car je connais le gardien et les gens qui y travaillent. Je dormirais d’ailleurs pas très loin du refuge.

Belle vue sur les lapiaz (et les marmottes au petit matin).

Jour 5 : retour à Samoëns.

Journée “de transition”, pas exceptionnelle même si le début est sympa.

Encore lui !

De Sales, je vais vers Gers, d’où je descend à Samoëns. Le secteur est assez connu des skieurs car il y a du hors-piste sympa à y faire (notamment dans la combe de Gers).

Je suis sur la piste des Cascades, plus longue piste de ski de France avec ses 14km de descente sans voir une seule remontée mécanique…

De Samoëns, je dois faire du stop pour descendre à Cluses. Mais à 11h, peu de voitures vont dans ce sens, je devrais donc faire le trajet en deux fois grâce à la sympathie d’un habitant du coin qui se détourne de sa route pour m’amener à un endroit plus propice au stop.

Bref, très belle rando que je conseille à tout ceux qui veulent découvrir la Haute-Savoie autrement que par le TMB. Quelques passages exposés la pimentent un peu, mais il n’y a rien de très difficile si on est attentif. Par contre, le dérochoir et les Ottans sont quasiment infranchissables en cas de mauvais temps (enfin, ça se fait, mais à vos risques et périls). Les gens y sont très sympas, il ne s’est pas passé une journée sans que je tape la discut’ à plusieurs personnes rencontrés au bord des chemin (notamment une mythique discssion sur le chemin de St Jacques avec un randonneur croisé au milieu du Dérochoir).

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