CDT 20 : West Yellowstone – Lima

4 jours, 72mi/116km

La nuit est étonnamment bonne malgré la proximité de la ville. De bon matin nous retournons à West Yellowstone avec comme premier objectif de trouver un petit déjeuner décent. Cependant la ville est exclusivement à destination des touristes vu que c’est une des portes d’entrée du parc, donc ce n’est pas si facile de trouver quoi que ce soit ayant un bon rapport qualité prix. Finalement, nous dégotons un restaurant qui fera l’affaire, mais une fois assis nous constatons, effarés, qu’il ne propose pas le Wi-Fi. On hésite presque à changer d’endroit, mais les senteurs de graillons nous convainquent de rester.

Ensuite nous retournons voir les hôtels les moins chers que nous avons repérés hier. Nous sélectionnons le Pony Express, qui a connu des jours meilleurs mais propose une chambre pour 100$. Nous faisons nos corvées (lessive, ravitaillement) et nous croisons Icepus. Le reste de la journée est passé à ne rien faire (à part pester contre la lenteur du Wi-Fi). J’en profite pour commander une nouvelle paire de chaussure après avoir vérifié qu’aucun magasin en ville ne proposait des Altra Lone Peak. En effet, même si ce ne sont pas les chaussures idéales pour mes tendons d’achille, une fois les semelles remplacées ce sont les chaussures les plus confortables que j’ai jamais eu.

Le soir, je vais manger au restaurant avec Icepus et nous plaisantons sur mon absence des sentiers. En effet, depuis le Colorado nous ne nous sommes vu uniquement en ville et jamais sur le CDT, alors qu’ils ont croisé plusieurs fois Anchor et Snakefarm.

Le lendemain nous trainons avant de partir. Nous trainons tellement que finalement nous décidons de rester un second jour, surtout à cause de la jambe d’Anchor. Comme j’ai vraiment envie de voir des bisons, je décide d’aller louer un vélo pour faire un tour dans Yellowstone. Durant l’après-midi je fais donc une centaine de kilomètre à vélo en direction du centre du parc, où les bisons ont migré pour le rut. Malheureusement, ils sont trop loin pour que j’ai le temps d’aller jusque dans la vallée où ils se sont réunis. Cependant, je vois des cascades, de nouvelles zones géothermales, et un coyote (pour une fois que j’en vois un, d’habitude je ne fais que les entendre).

Nouvelle soirée tranquille (pizzas !) puis nuit au même endroit. Après celle-ci, il est définitivement temps de partir même si Anchor a toujours des douleurs. West Yellowstone est bien trop touristique et animée pour que nous prenions du plaisir à y rester, et deux jours est le grand maximum que nous pouvons y passer. Ceci dit, notre départ est bien tardif et nous ne commençons à marcher qu’à la mi-journée. Au programme : monter au sommet d’une montagne sur une piste très passante (beaucoup d’ATV), puis basculer de l’autre côté pour récupérer le CDT en hors-sentier. Je passe la montée au téléphone pour faire passer le temps sur cette interminable piste. J’attaque la descente alors qu’il est encore tard et je pose le camp alors que je suis toujours à quelques kilomètres du CDT. L’emplacement n’est pas parfait (au milieu d’une prairie), mais impossible de trouver mieux. Chose notable, les moustiques ne sont pas trop présents : c’est la fin du gros de la saison. Ouf ! Anchor et Snakefarm me rejoignent alors que je termine mes ramens au thon (ils ont trainé en prenant de longues pauses). Le coucher de soleil est épique, les nuages traçant de longues ombres au couteau dans le ciel.

Au petit matin, nous terminons la portion en hors-sentier. Nous choisissons (non volontairement) le chemin non-optimal qui nous amène à une traversée de rivière juste assez grosse pour que nous devions mouiller un seul pied. Peu après, nous sommes de retour sur le CDT. Maintenant, il s’agit de monter sur la crête puis de la suivre. En une phrase, je viens de résumer les 600 prochains kilomètres : nous allons suivre la crête frontière entre l’Idaho et le Montana. C’est relativement sec (crête oblige), plein de montées-descentes, et probablement beau. Probablement, car 2018 est une année record pour les incendies et les fumées créé un brouillard perpétuel qui empêche de voir à plus de 10km. Nous avons été très chanceux au niveau des fermetures (on verra ça par la suite), mais même les incendies à plusieurs centaines de kilomètres (notamment de Californie !) sont assez importants que les fumées arrivent jusqu’à nous. Les levers et couchers de soleil durent des heures, et le matin il faut littéralement 1h entre le moment où on voit le soleil (grand disque rouge au milieu des brumes) et le moment où les premiers rayons illuminent les arbres. D’ailleurs, nous mangeons sur la crête d’où notre regard porte sur le sud et les trois incendies dont les colonnes de fumées sont visibles.

Nous terminons la journée en descendant à un trailhead où nous pouvons bivouaquer avec un feu, une table et, luxe ultime, une bear box : pas besoin de pendre la nourriture aujourd’hui ! Permettez-moi d’insister : accrocher un sac bien comme il faut dans les arbres le soir après 45km de marche, c’est une plaie incommensurable que personne n’apprécie. Il y a aussi un trail register, qui nous apprend qu’un certain Yoda est juste devant nous.

Nous partons tôt car nous voulons encore faire une longue journée. Les sommets ne sont pas si hauts que ça dans le coin, mais l’enchainement constant de montées-descentes est bien fatigant. Pour couronner le tout, nous devons traverser une zones qui a brûlé il y a quelques années et où la végétation a tout recouvert, sentier y compris. La progression est lente, et au milieu nous rattrapons Yoda qui prend une pause. Surprise, c’est une fille, nommée comme le maitre Jedi car sur l’AT, à la question « jusqu’où essaies-tu d’aller ? », elle a répondu « Fais-le, ou ne le fais pas. Il n’y a pas d’essai. » – la classe. Nous continuons tous les trois (Snakefarm est derrière) jusqu’à la prochaine source, où nous nous arrêtons manger. Il y a un cow boy (enfin, un sheep boy), avec chapeau, cheval, tente canadienne en coton et tout le tintouin. Pas très bavard, il ne vient pas nous parler. Nous sommes rejoint par un groupe de trois randonneurs.

Nous terminons la journée plus ou moins ensemble et nous nous retrouvons tous à la dernière source avant Lima. Anchor et moi avions prévu d’y dormir, mais le coin n’est pas plat et plein de vaches. Néanmoins, nous faisons une longue pause pour y manger notre diner et je profite du réseau pour vérifier l’envoi de mes nouvelles chaussures. La commande a été refusée… J’ai demandé l’envoi dans un bureau de poste, et le vendeur passe par UPS donc c’est impossible. Cerise sur le gâteau, Amazon considère mes multiples tentatives d’envoi de chaussures à des adresses toujours différentes et finalement refusée par les vendeurs comme suspect et me bannit. Oui, il est possible d’être bannit d’Amazon, et ça m’arrive au milieu de nulle part alors que j’ai vraiment besoin de commander de nouvelles chaussures. Finalement, Yoda me conseille un autre site (Zappos) et je commande les chaussures à livrer directement à l’hostel de Leadore. C’est dans plus de 150km, mais pas le choix.

Nous bivouaquons à quelques kilomètres de la route de Lima. Nous sommes obligés de dormir au milieu des prés de vaches, mais le coucher de soleil sur notre camp à la belle étoile est hyper classe. Ce qui est moins sympa, c’est le réveil par les cloches des vaches à 5h du mat’.

Si nous sommes restés ensemble, c’est que pour aller à Lima, c’est compliqué. Il y a bien l’interstate, mais le stop y est interdit. L’autre route est une piste avec en moyenne une voiture par heure, donc c’est très optimiste d’y faire du stop. Heureusement, Yoda s’est arrangé avec le propriétaire du motel de Lima pour qu’il vienne nous chercher. Après une attente prolongée par une incompréhension (il fallait attendre au bord de l’interstate), nous voilà finalement tous entassés dans la benne du pickup.

Lima est une toute petite ville (un village). Le seul magasin de nourriture est une station service. Mais il y a deux restaurants, dont un qui fait des petit-déjeuners (et des burgers délicieux, probablement les meilleurs sur le chemin). Le conducteur, qui connait bien ses clients, nous y dépose directement. Nous allons ensuite réserver des chambres à son motel, de l’autre côté de la rue. Après les corvées, c’est jour de repos, qui se termine en longue soirée à discuter. Je n’ai pas vu autant de CDTers ensemble depuis Toaster House, à Pie Town : nous sommes une quinzaine. Nous discutons jusqu’au bout de la nuit (pour nous) et il est au moins 23h quand je vais me coucher.

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27-07-2018
Oies canadiennes (sans passeport, une honte !)

Cascades

Y’a pas de bisons 🙁

Coyote

28-07-2018
Impossible de trouver une place sous les arbres

Jeux d’ombres – photo prise avec mon téléphone

29-07-2018
Brumes et reflets du matin

Passage d’un petit col

Balisage

Twitter ?

Jardin

Le sud brûle

Pause contemplative devant les feux au loin – photo prise avec mon téléphone

Chemin des senteurs

Remontée sur les crêtes

La suite de la journée

30-07-2018
Embouteillage à contre-sens

Crête facile

On est pas mal là non ? – photo prise avec mon téléphone

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