Jour 10 : Minamiise – Hamamatsu (120km)
Debout à 5h10 après une nouvelle nuit à me faire bouffer par les moustiques. Ils ont l’air d’apprécier le sang français.
Je passe manger un bout au conbini (miam les onigiris de bon matin) avant de décoller pour de bon à 5h45. Je veux prendre le ferry de 8h10 depuis Toba, à une bonne trentaine de kilomètre.
Il y a un peu de brouillard, ce qui donne une ambiance sympa à travers les rizières. En chemin je longe des voies ferrées et croise donc des trains remplis d’étudiants en uniforme, ce qui donne des wagons entier de mec habillés avec les mêmes chemises blanches. La route est calme et tranquille, et à 7h je suis au terminal du ferry. Je dois attendre un peu plus d’une heure avant de pouvoir embarquer.
55 minutes plus tard, je suis de l’autre côté de la baie. Avant de partir pour de bon je passe voir un phare et des cailloux. C’est toujours assez brumeux. Le début est assez vallonné, mais ensuite c’est radicalement plat. Première fois depuis que je suis au Japon que je roule sans aucun dénivelé pendant plus de 5km. Malgré tout j’ai l’impression de ne pas avancer et j’ai du mal à me motiver, d’autant que c’est pas super passionnant. La route enchaîne les longues lignes droites sur les bords desquels alternent villages et serres.
Bref, journée peu intéressante. Le moment le plus notable est quand j’achète (enfin) une bombe anti-moustique. Comme je n’ai rien trouvé dans les conbinis, je passe dans une pharmacie (un vieux magasin qui ressemble à un magasin d’artisanat local d’un village montagnard en France). Autant vous dire que je suis content que mon mime de « bombe anti-moustique » à la vieille vendeuse n’ait pas été filmé.
J’arrive finalement à un endroit qui est marqué comme un camping gratuit sur maps. Il n’y a rien à part des toilettes et des espaces pour des tentes. Mais il y a une cascade pas moche pas loin et une rivière juste en dessous, sympa pour se baigner. Dommage qu’elle soit trop tranquille et donc qu’il y ait des algues qui se déposent sur moi dès que je bouge. J’en profite aussi pour faire un brin de lessive.
Demain il pleut, donc je ne sais pas encore ce que je fais. J’aurais bien pris un jour complet de repos (encore et toujours pour mes cuisses), mais je n’ai rien en bouffe et le coin est désert.
Temple à proximité de l’arrivée. Entrée payante et déjà fermé, dommage.
Jour 11 : Hamamatsu – Sakuma (60km)
Il pleut sévère jusqu’à environ 8h. Ensuite ça se dégage rapidement, et à 10h je pars sous un grand soleil. Mes affaires ne sont pas sèches, et mon cuissard m’irrite. Je préfère puer que souffrir, mais pour la prochaine fois je prendrais un change histoire de limiter les deux.
Tout d’abord je rejoins tranquillement le centre-ville en passant par un temple que je n’ose pas trop visiter vu qu’il y a une cérémonie à l’intérieur.
Je mange avant de repartir dans les montagnes. J’improvise mon trajet au jour le jour, avec dans l’idée d’être autour du Fuji le lundi suivant vu que c’est le seul jour sans nuage prévu par la météo.
La route est d’abord un peu passante, mais ça se calme, surtout que je passe de l’autre côté de la rivière (fleuve ?) sur une route inconnue des voitures (en tout cas on dirait). C’est cool.
Après une journée plutôt tranquille, j’arrive assez tôt à Sakuma. C’est assez grand du fait de la présence d’une importante centrale électrique liée au barrage du dessus, mais je ne trouve pas de conbini. Pas grave, j’ai de quoi survivre. Je vais voir le camping qui ressemble plus à un camp qu’autre chose. Personne. Je vais me poser sur le golf voisin en attendant la nuit pour m’installer discrètement.
Mais alors que je suis en train de lire à côté d’un évier (parce que chaque trou du terrain de golf à un meuble de cuisine avec un évier et l’eau courant. Je ne sais toujours pas pourquoi.), un gars arrive en voiture pour prendre des balles rangées là. Par politesse, je lui demande si c’est le gérant du golf. Il me dit que non, mais qu’il va l’appeler. Vu que personne ne répond, il me dit d’attendre et il part le chercher en voiture. C’est gentil, mais j’en demandais pas tant.
Il revient et on discute difficilement en attendant le « camping master ». Enfin arrive un petit vieux rigolo sur son scooter, son casque tressautant à chaque nid de poule.
C’est assez compliqué pour me faire comprendre. A la fin je déballe mes affaires pour leur monter mon système de couchage afin qu’ils comprennent que je cherche juste un abri pour la nuit, ce que le camping peut m’offrir vu toutes les terrasses des bungalows inoccupés. Le vieux me dit de le suivre au camping et il m’ouvre un bungalow en me rassurant : « no money, no money ». Dit comme ça ça parait rapide, mais toutes ces discussions se sont faites avec uniquement « Bonjour » et « Merci » en mot en commun…
Bref, j’ai un très bel abri pour la nuit. Je suis content.
Petite cascade pas loin de mon départ
Le nombre de grosses rivières/fleuves m’a étonné
Jour 12 : Hamamatsu – Yaizu (80km)
C’est probablement la journée la plus frustrante de tout mon voyage (avec peut-être la dernière). Mais reprenons dans l’ordre.
Cette nuit, encore une fois, ça a été le déluge. Finalement je suis bien content d’avoir eu mon bungalow. Je me lève vers 5h et je ne traîne pas trop ; pourtant, il y a déjà un mec en train de jouer au golf et le proprio bricole les douches. Je lui dis au revoir et m’en vais sur mon fidèle destrier.
J’ai beaucoup hésité sur le parcours à suivre ; finalement j’ai décidé de remonter un peu dans les alpes japonaises avant de passer deux ou trois cols pour me permettre de revenir dans la région du Fuji. Je commence donc par remonter une petite vallée dans la fraîcheur brumeuse du matin. Je ne croise personne, et cette solitude dans le brouillard donne une super ambiance. Je passe un col (pas de tunnel !) et redescends rapidement de l’autre côté. Ma roue arrière se comporte bizarrement, comme si elle était voilée alors qu’elle ne l’est pas. Je rejoins une vallée plus importante, que je remonte sur quelques kilomètres.
J’atteins un village au niveau duquel je dois bifurquer vers le premier col, le plus haut. Je tourne un peu mais je ne trouve pas de conbinis. Je fais une petite pause sur un pont. Juste avant que je reparte, une femme vient me voir et me propose de venir faire une pause dans son magasin. C’est un peu compliqué pour la comprendre, vu qu’elle doit utiliser la traduction automatique sur son téléphone. Et quand je suis à côté de mon vélo et qu’on me demande « Break? » (« pause » ou « cassé »), il peut y avoir confusion sur ce qu’on me demande.
Me voilà donc dans une salle/musée avec des tables, et des serpes et des scies présentées sur les murs. Étrange… Elle m’amène deux barres céréales et du café froid (« free! ») puis elle me laisse. Les barres sont bonnes, mais j’ai horreur du café. J’en bois quand même la moitié pour ne vexer personne.
Je retourne dans le magasin discuter un peu avec les deux tenancières. Elles sont super sympas et très curieuses de ce que je fais (« Sugoiiiiiiii! ») et d’où je viens. On rigole bien avec les réponses à côté de la plaque des traducteurs automatiques.
Elles me demandent où je vais ; après que je l’ai dit, elles m’annoncent que le col est fermé… Une d’entre elle appelle plusieurs personnes pour avoir confirmation. C’est confirmé.
Je n’ai plus qu’à redescendre jusqu’à Hamamatsu, mon point de départ de la veille. Chouette. Ça explique le gros A/R sur mon tracé. J’ai perdu 100km et une journée pour une partie certes sympa, mais pas transcendante au point de mériter ce détour. Au moins la route est sympa, même si je rejoins assez rapidement la route de la veille (au niveau de la photo avec la légende « Petit affluent »).
Une fois de retour à Hamamatsu, je veux me diriger au plus court vers le Fuji. Le but est maintenant d’en faire le tour, puis d’aller me balader sur la péninsule d’Izu avant de me diriger vers Tokyo. Le reste de la journée est donc peu intéressant car assez urbanisé. Je perds beaucoup de temps à chercher la bonne route, surtout que certaines routes deviennent tout d’un coup interdites au vélo.
J’arrive à Yaizu assez fatigué malgré ma courte journée. Je me pose dans un grand parc au centre de la ville, à côté d’un terrain de base-ball où s’entraîne une équipe de jeunes.
Jour 13 : Yaizu – Lac Sai (100km)
Nuit bof bof. Pourtant personne ne m’a dérangé.
Départ vers 6h. Je finis de traverser la ville puis suis la route côtière. Assez rapidement elle passe de l’autre côté de la montagne et là… C’est le Fuji. Et sans nuage, s’il vous plaît (parce que ce truc est un aimant à nuage, c’est super dur de le voir en entier). La route descend sur le pacifique (littéralement). Nouvelle ville à traverser. Piste cyclable le long de l’océan, cool… Ah ben non, elle est fermée pour travaux. C’est chiant. Sur la fin je passe prendre un petit dej dans un conbini. Au moment de repartir, mon pneu arrière est à plat. Plus que ça, il est même foutu tellement il est usé le long de la roue sur un côté. Je soupçonne d’avoir sous gonflé le pneu (pas de manomètre sur ma pompe à main). Il y a un magasin de vélo à 1km, la chance. Il est samedi matin, 8h, mais on est au Japon.
Le magasin est fermé, alors je m’installe devant et commence à tout démonter. Un gamin sort, me voit et va chercher quelqu’un. Sa mère sort, me voit et va chercher quelqu’un. Son père sort, me voit et viens prendre de mes nouvelles. Ils me vendent un pneu et me prêtent une pompe à pied pour que je puisse changer ma roue. J’ai perdu 1h (et 40€), mais je peux repartir. Moralité : la prochaine fois je prendrais aussi un pneu de secours.
C’est un peu compliqué de trouver son chemin avec les routes interdites au vélo, mais finalement je passe dans les montagnes pour remonter au nord. Je rejoins la route touristique qui fait le tour du Fuji au niveau des chutes de Shiraito. L’endroit serait magique s’il n’était pas si touristique, dommage. C’est valable pour le reste de la journée, même si les vues sur le Fuji sauvent un peu les meubles. Je me balade autour du lac Motosu (la vue sur le Fuji des billets japonais à été prise ici) avant de terminer ma journée au bord du lac Sai.
Il y a un musée de plein air qui prend la forme d’un village traditionnel. Le soir le Fuji se reflète dans le lac, c’est joli. Dommage que des mecs nettoient des barques sur les rives, ce qui cause de nombreuses rides qui viennent briser le reflet.
(Attention, beaucoup de photos du Fuji, mais je sais pas lesquelles choisir)
Juste pour avoir le Fuji sans nuage et mon vélo sur la même photo