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Partie 0 : arrivée en Jordanie
Anchor et moi avions chacun pris un avion pour Istanbul, où nous devons prendre le même avion pour Amman. Mon avion a pas mal de retard, mais celui d’Anchor est encore pire et je ne la vois pas avant de prendre l’avion pour Amman. Jusqu’à l’arrivée, je ne saurais pas si elle a raté l’avion ou non. Heureusement, ce n’est pas le cas, même si ça s’est joué à rien du tout.
Nous arrivons à Amman à 3h du matin. Nous avons réservé un hôtel à Irbid, quelques 80km au nord, et nous avons arrangé un taxi pour le rejoindre (20€). Les transports en commun jordaniens sont… spéciaux (par exemple les bus ne partent que lorsqu’ils sont pleins), et nous avions la flemme de nous battre avec eux après une nuit blanche. Bref, nous arrivons à l’hôtel vers 6h et nous faisons une sieste. Le reste de la journée est dédié à comater et à faire quelques courses dans Irbid. Nous en profitons pour avoir un avant-goût de la Jordanie, mais la ville est bruyante et tout va dans tous les sens ; nous attendons avec impatience le départ.
Nous nous couchons tôt : nous sommes fatigué, et demain nous partons tôt vers Umm Qais…
Partie 1 : Umm Qais – Fuheis (4j, 142km)
Au petit matin, nous prenons un dernier taxi pour atteindre Umm Qais, que nous atteignons vers 9h. Il y a d’importantes ruines romaines, mais les jambes nous démangent et nous nous préparons au départ. Nous prenons quelques photos pour la forme, et ça y est c’est parti !
Bonne surprise : le chemin est balisé. Il part en contrebas du village, dans un ruisseau à sec. Au fur et à mesure de la journée, nous descendons de plus en plus (même si c’est entrecoupé de montées, sinon ce serait trop simpe), et de 600m nous passons à -200m. En chemin, nous croisons notre premier chien jordanien, qui nous aboie copieusement dessus. Nous faisons un petit détour pour le contourner – non pas que nous ayons peur, mais nous ne voulons pas le déranger, vous comprenez ? Ceci dit, si nous devons faire ça à chaque fois, ça va être long. Nous croisons aussi plusieurs équipes qui travaillent sur les routes. À chaque fois, s’ils ont un thé qui chauffe ils nous en proposent, mais nous voulons vraiment avancer donc nous refusons. Nous croisons aussi un couple qui commence tout juste le Jordan Trail et qui prévoit de le faire en 36 jours. Nous ne les reverrons donc pas. Plus loin, trois chiens nous bloquent le passage en aboyant sauvagement. Alors que nous hésitons, un gamin de 2 ans sort d’une tente et leur balance un caillou, ce qui les fait détaler. Ah, ok, c’est comme ça que ça marche ?
Le paysage est étonnament vert et fleuri. Le chemin suit un assemblage de pistes et de petites routes, et descend dans un profond wadi (canyon/vallée souvent à sec sauf lors de pluies) jusqu’à la plaine du Jourdain (-200m). Nous passons un petit village où des enfants veulent être pris en photo et pratiquer leur anglais, avant de passer le point marquant la fin de la première étape. Nous continuons en hors-sentier (mais sur le tracé officiel du JT) en direction d’une source, que nous atteignons alors que le soleil se couche. Nous avions prévu d’y dormir, mais le concert symphonique donné par des grenouilles enthousiastes nous persuade de continuer. Nous faisons donc quelques kilomètres de plus à la frontale. Les chiens s’excitent sur notre passage, ce n’est pas très rassurant même si nous avons des cailloux prêts à l’emploi dans les mains (pas très MUL, mais il faut ce qu’il faut). Finalement, nous arrivons à une ancienne source chaude avec une arche naturelle, où nous plantons le camp.
Umm Qais est sur le plateau, sous les nuages
C’est étonnament vert et fleuri
Première fois que je vois une tortue sauvage !
Ils voulaient être pris en photo
Coucher de soleil sur la vallée du Jourdain
Dodo à côté d’une arche naturelle
Après une bonne nuit (pour moi ; Anchor a écouté les chiens aboyer toute la nuit), nous repartons par un système de pistes et de routes vers les ruines romaines de Pella. Là, nous récupérons un bon sentier qui remonte un beau wadi. Plus haut le sentier disparait et nous devons simplement remonter le lit du ruisseau à sec alors que les parois se resserrent autour de nous. C’est plutôt sympa ; tellement que nous manquons l’embranchement qui devait nous faire remonter hors du wadi. Nous improvisons donc une sortie un peu plus loin, mais la montée est rude. Nous traversons un village puis quelques champs d’olivier avant de perdre à nouveau le sentier. Nous connaissons la direction générale, donc nous continuons à improviser jusqu’à ce que nous le retrouvions, à l’orée d’une forêt. C’est tellement agréable de marcher sur un bon sentier ombragé… Nous atteignons la source, que nous pensons d’abord à sec. En fait non, il faut ramper dans une crevasse pour prendre de l’eau. C’est dommage, car encore une fois le coin est sympa mais il y a des déchets partout. Il semble qu’il soit communément admis de ne pas utiliser de poubelle ici…
La petite pause se transforme en longue pause lorsque je constate que la bretelle de mon sac à dos est cisaillée en deux. C’est un problème bien connu pour les Virga 52, mais ça ne m’amuse pas. Je le recoud comme je peux, avant que nous repartions en direction d’un petit vilalge où nous pouvons nous ravitailler. Avant ça, nous sommes pris dans un embouteillage avec un troupeau de chèvres et de moutons. Une pauvre chèvre boitille derrière le troupeau avec une patte manifestement cassée. Nous aurons l’occasion de le remarquer ailleurs, mais le bien être animal n’est pas vraiment pris en compte ici.
La descente vers le village est longue. Arrivés en bas, nous croisons des enfants qui courent vers nous en criant « Money money money » ; lorsque nous refusons de donner quoi que ce soit, ils nous jettent des cailloux (sans nous toucher – volontairement ?). Les interactions avec les enfants sont aléatoires ; c’est dommage, car les adultes sont très accueillants et sympathiques. Au village, nous faisons un petit ravitaillement de snacks. C’est vraiment pas cher : pour 4€, nous repartons avec une fortune en snickers, kit-kat et autres choses bonnes pour la santé. Nous devons traverser d’autres villages alors que le soleil baisse. Finalement, à la nuit tombée nous arrivons aux ruines d’une église avec des toilettes où nous espérions trouver de l’eau et camper. Avant de trouver lesdites toilettes, un gars vivant dans une caravane nous invite et nous remplit toutes nos bouteilles d’eau. Nous décidons de continuer un peu pour trouver un coin à l’abri du vent. Ce n’est pas gagné vu comme il souffle, mais finalement nous trouvons un endroit qui fera l’affaire.
Lever de soleil sur les ruines de Pella
Le ruisseau à remonter au fond du wadi
De retour derrière le troupeau
Champ d’oliviers ou champ de fleurs ?
Bien entendu, le vent a tourné au milieu de la nuit, qui ne fut donc pas la meilleure. Comme toujours, nous nous levons à 5h pour un départ à 5h30, aux premières lueurs (le soleil se lève peu après 6h). Nous avons quelques kilomètres à faire pour atteindre le château d’Ajloun et son visitor center (c’est à dire des toilettes et l’eau courante : grand luxe). Nous pourrions visiter le château, mais encore une fois nous préférons aller de l’avant. Une longue descente plus tard, nous devons traverser un village (une ville ?) qui n’en finit pas. Finalement, nous passons au sommet d’une colline et arrivons dans une vallée bucolique où les oliviers se disputent la place avec les fleurs. Nous mangeons à côté d’une source qui coule à flot, où je lave mes chaussettes et oublie ma cuillère (ceci est un drame). Le reste de la journée semble interminable, d’autant que nous devons traverser de multiples petits villages.
Le chemin enchaine les petites montées et descentes. Elles ne sont jamais très longues, mais souvent très raides et casse-pattes. Anchor a des chaussures légérement trop petites (en même temps, ce sont des Salomon…), et son ongle de gros orteil commence à se décoller. Ça doit faire mal.
Finalement, nous arrivons au lac du barrage du roi Tahal. Nous campons au niveau de la fin de la 6ème étape officiel, où le topo indiquait un bon spot : ceci était un mensonge. Le vent continue de souffler et tourne légérement ; la pluie arrive en milieu de nuit. Je passe une nuit franchement pas top dans mon OR Helium bivy.
Le château d’Ajloun vu de l’autre côté de la vallée
La journée suivante est franchement peu intéressant, tant au niveau de la météo (gris) que du paysage. Les rafales de vent nous destabilisent, mais lorsque le soleil pointe le bout de son nez ça aide à nous sécher un peu. Nous nous faisons inviter à prendre un thé par un berger dont les chiens rêvent probablement de se servir de nous comme apéritif, mais encore une fois nous déclinons (promis, on va accepter !). Plus loin, une voiture s’arrête et un gars en uniforme gesticule. On croit comprendre qu’il veut nos passeports, mais on a la flemme de les sortir de nos sacs. Finalement il abandonne et nous demande 5 dinars. On a encore moins envie de ça, donc nous faisons ceux qui ne comprennent pas. Ça marche bien et il s’en va. Étrange.
Plus loin, la pluie a grossit un ruisseau et nous devons franchir ce qui est probablement le passage le plus craignos du chemin : nous devons escalader 3 mètres pour repasser au dessus, alors que tout est humide et glisse. Après ça, nous atteingons Rmemeim, un village chrétien et musulman. Nous y faisons sécher nos duvets, et nous croisons deux dannois qui sont partis depuis une semaine. Le ciel se couvre de nouveau, et d’après euxla météo pour la suite est franchement peu encourageante. Nous décidons d’aller à Fuheis et d’essayer d’y trouver un logement pour la nuit. La suite de la journée se fait donc sous la grisaille, et avec les pieds qui pèsent 3kg chacun à cause de la boue qui s’y colle. Nous nous trainons jusqu’à Fuheis, où nous trouvons le premier jordanien qui parle anglais. Il nous redirige vers le prêtre de sa paroisse (il est catholique – Fuheis est un village chrétien) qui nous propose un appartement mitoyen à l’église. Ce sera parfait pour la nuit !
Passage craignos – la photo ne lui rend pas justice
Les joies de marcher après la pluie (photo prise par Anchor)
Nous sommes sous bonne protection
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