100mi/160km, 4 jours
Après 2 jours et demi de repos, il est vraiment temps de repartir, surtout qu’on s’organise une navette qui ramène 8 d’entre nous au col. Je n’ai donc plus d’excuse pour rester… La journée est sympa, tant par les paysages que par les portions que je partage avec les autres. Je passe pas mal de temps avec Iceman et Cattywampus (plus tard, on les appellera « Icepus » pour aller plus vite, mais je vais commencer maintenant, parce que sinon c’est trop long à écrire), pusi j’accélère un peu avec l’idée de monter le San Luis Peak, qui serait mon premier sommet à 14000 pieds (4260m). Malheureusement au fur et à mesure que je me rapproche, l’orage se rapproche aussi et finalement le ciel est trop menaçant pour que je m’engage sur la crête sommitale. Je bascule donc simplement de l’autre côté, où une rivière a été prise d’assaut par les castors. Ils ont fabriqué tellement de barrages que ça fait comme les rizières en terrasse au Japon. Icepus et d’autres décident de s’arrêter au milieu de la descente, mais je pousse un peu plus loin afin de descendre un peu plus bas. Chat échaudé craint l’eau froide, et je veux être le plus bas possible pour la nuit.
Si la première journée s’est bien passée (43km malgré un peu de dénivelé et un départ tardif), la seconde est plus lente. De toute façon je ne suis pas pressé (j’ai 4 jours pour aller à Salida) donc je ralentis un peu le rythme. Le ciel est couvert et on est bien plus bas dans les vallées, donc finalement il n’y a pas grand chose à voir. J’en profite pour faire de nombreuses et longues pauses, et finalement alors que je suis tranquillement posé à écouter mes livres audio au bord d’une petite rivière, les gens derrières me rattrapent petit à petit. Grâce à mes talents de persuasion sans commune mesure, ils s’arrêtent tous et finalement on fait une bonne pause impromptue tous ensemble. Je repars avec Icepus et nous allons camper au niveau d’un petit col boisé. Événement notable : il y aura quelques moustiques ce soir. Rien de méchant, mais pauvre de moi je ne comprends pas que la saison à moustiques commence tout juste…
Le jour suivant je me retrouve assez rapidement plus ou moins seul vu que j’ai de nouveau un bon rythme. Le dénivelé est modéré, mais le chemin suit des crêtes donc c’est plein de petites montées-descentes des plus fatigantes. Je fais 45km avant de me poser aux alentours de 6h au bord d’une rivière. Je traine un peu avant d’aller faire trempette à poil (des fois ça fait du bien de se débarbouiller un petit peu), et quelques minutes après que je me sois rhabillé Icepus arrivent. On est pas passé loin du moment gênant. Je ne m’attendais pas à les croiser ce soir, mais ils ont fait une journée plus grosse que prévu. Je suis content de les voir, mais ils m’annoncent qu’ils viennent de croiser un ours à environ 200m. J’ai prévu de dormir à la belle étoile, donc ça ne me rassure pas… Mais je ne change pas de plan, et ma nuit se passe très bien (la preuve, je suis là pour en parler).
Le lendemain, nous marchons plus ou moins ensemble. Ils sont très organisés et prennent des pauses exactement toutes les deux heures alors que je fonctionne beaucoup plus au feeling, donc parfois nous nous perdons un peu, mais comme je n’avance pas trop rapidement on se retrouve toujours. Nous devons parcourir de longues crêtes en direction de Monarch Pass, un col routier à proximité d’une petite station de ski. Après une longue descente finale nous y arrivons enfin. Il y a un magasin de souvenir où beaucoup de randonneurs envoient des colis de ravitaillement pour ne pas avoir à quitter le chemin, mais vous me connaissez : je n’ai rien prévu de tel. C’est tant mieux, parce que l’idée d’aller en ville me plait bien. Salida a bonne réputation, et il y a un hostel où on peut passer la nuit pour pas trop cher. Malheureusement Icepus vont dormir chez des amis dans une autre ville et contrairement à moi ils prévoient d’y prendre un zéro, donc nous nous séparons (après avoir pris un goûter plus que copieux au magasin).
Pour atteindre Salida, je dois faire du stop. Je suis pris assez rapidement, et c’est parti pour le voyage en stop qui m’a fait le plus peur. Le conducteur (très sympa au demeurant) roule très, très vite dans la descente et double n’importe comment. Deux fois, il doit piler alors qu’il doublait sans visibilité parce qu’une voiture arrivait en face… Et pendant ce temps, il m’explique que l’eau des rivières est vivante et que la mettre en bouteille la tue, et que sa start-up propose de « ré-activer » cette eau pour qu’on puisse bénéficier de tous ses bienfaits lorsqu’on la boit ou pour les cultures (notamment pour la marijuana, Colorado oblige). Bref, c’est une expérience. Point positif : il me fait découvrir First Aid Kit, duo suédois vraiment sympa.
Il me dépose directement devant l’hostel, où je retrouve Dodgy (que je pensais derrière) et Casper (que je pensais loin devant). Explications : Dodgy était malade le jour où on s’est perdu, c’est pour ça qu’il s’est retrouvé si rapidement loin derrière moi ; finalement, il a préféré rejoindre une route et prendre le raccourci par Creede. C’est le raccourci que Casper avait pris (c’est pour ça que je le pensais au moins 4 ou 5 jours plus loin), mais une fois seul il a perdu sa motivation et il a décidé d’abandonner pour aller faire (encore une fois) un chemin de St Jacques. C’est un peu triste, mais c’est vrai que le CDT c’est long – on est encore loin de la mi-parcours. Au moins, nous passons une dernière bonne soirée tous ensemble. Demain Casper prend son avion, et Dodgy et moi retournons sur le CDT.
Comment ça j’ai dit qu’on retournait sur le chemin le lendemain ? C’est mal me connaitre. Forcément, je me fais rattraper par le vortex de l’arrivée en ville. Le matin, avant de partir, j’ai plein de corvées à faire : ravitaillement, essai et achat de nouvelles chaussures (bah oui, il n’y a pas de chaussures Kalenji ici), remplacement de mes chaussettes (Darn Tough, garantie à vie : ça marche même si on a fait cramer ses chaussettes dans un feu de camp – comment est-ce qu’il font des bénéfices ?). Finalement il est midi quand j’ai fini de courir partout. Maintenant je n’ai qu’une envie, c’est de me poser. En plus je ne me sens pas très bien (comme souvent en ville, mais il faudra attendre le Montana pour que je comprenne pouquoi). Finalement je décide de rester et de prendre un zéro aujourd’hui. Mais promis, demain je pars !
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05-06-2018
Départ de Lake City
Petit lac
Première vue sur le San Luis Peak (et sur l’orage ?)
Colonnes
San Luis Peak et nuages
Colonnes 2
Barrages de castors
06-06-2018
Pommes de pin… Roses ?
On est aussi sur le Colorado Trail
08-06-2018
Petite congère
Juste avant Monarch Pass
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