Jour 14 : Lac Sai – Cap Mihama (110km)
Je m’étais trouvé un endroit tranquille pour dormir. Malheureusement, il y a une sorte d’auberge de jeunesse pas loin, et des jeunes se baladent dehors en gueulant toute la nuit. Quand ils me repèrent, ils viennent voir plusieurs fois ce que je suis, avant que je leur dise d’aller voir ailleurs. Ils ne me dérangent plus, mais ma nuit est foutue.
Je me lève tôt pour voir le lever de soleil sur le Fuji, mais c’est un peu nuageux au début. Il y a déjà plein de monde sur la plage, notamment plein de pêcheurs qui se préparent à utiliser les barques. A 4h30, ils grimpent tous dans les barques, quittent le rivage et attendent à quelques mètres de là. Quelques minutes plus tard, quelqu’un resté sur la rive donne le top départ et les pêcheurs partent tous en ramant à toute allure… Jusqu’à se poser sur la rive en face, à une centaine de mètre de là, pour se mettre à pêcher.
Le début de la matinée consiste à suivre tranquillement les rives des lacs et à m’arrêter tous les 100m pour prendre une photo. Le lac Sai est très sympa, le lac Kawaguchi aussi bien qu’il soit un peu plus urbanisé. Le lac Yamanaka s’atteint après quelques kilomètres d’une route passante et n’offre pas de vue fantastique.
Je franchis un petit col et dois maintenant redescendre vers l’océan. Le début de la descente est jouissif, une des meilleures de mon parcours ; ensuite je rejoins une route plus passante en faux plat descendant. Rien de passionnant. Je rejoins le littoral à Numazu, et après quelques kilomètres je quitte la route principale pour rester sur le littoral et m’engager sur la péninsule d’Izu. La route est calme et les paysages sympa, j’aime beaucoup. La route ne cesse de monter et descendre le long des côtes volcaniques.
J’arrive assez tôt au cap Mihama, une avancé de sable avec des arbres qui protège une petite baie. Je décide de me poser ici pour la nuit et de profiter du Pacifique pour me baigner. D’ailleurs, on nous ment : le Pacifique, il est FROID. Ensuite je me pose au soleil sur la digue pour lire.
En début de soirée commence un vacarme impressionnant à base de musiques à fond et de cornes de brumes. La digue est large et avec des arbres, donc je ne vois pas la baie et je ne sais pas ce qu’il se passe. Puis voilà que débarquent des dizaines de voitures remplies de familles, des grands-parents aux petits-enfants.
Je suis le mouvement et je vais voir de l’autre côté ce qu’il se passe. Quatre bateaux tournent en rond dans la petite baie, et les gens sont là pour les saluer eux et leurs équipages. C’est assez rigolo de voir ces bateaux tourner avec de la musique, on se croirait au cirque nautique. Deux japonaises m’expliquent (difficilement, à base de rébus avec Google Images) que ce sont des thoniers qui sont en train de prier pour le sanctuaire shinto qu’il y a sur la digue. Ils partent pour un mois, donc les familles viennent dire au revoir. C’est cool d’être témoin de ça.
Je me pose sur la digue pour dormir, avec le Pacifique qui me sépare du Fuji. L’un des plus beaux bivouacs que j’ai jamais fait.
Le Fuji après que les nuages se sont un peu dissipés. Sur la rive d’en face on distingue les barques des pêcheurs.
Cap Mihama. Je vais dormir sur la digue juste devant le batiment qu’on voit au bout du cap.
Les bâteaux qui tournent en rond
Coucher de soleil sur le Pacifique
Jour 15 : Cap Mihama – Kawazu (110km)
Je me réveille assez tôt pour voir le lever de soleil sur le Fuji. Malheureusement, les nuages arrivent juste avant le soleil…
Je continue à suivre le littoral sur une petite route charmante. Plus loin je rejoins une route plus importante, mais la circulation reste tout à fait acceptable. Les paysages de côtes volcaniques déchiquetées sont superbes et il fait grand beau. Je suis heureux d’être là. Je prends mon temps et vais voir à droite à gauche ce qu’il y a voir : un cap volcanique, une plage, une ancienne carrière souterraine (impressionnant)… A un moment je vois un panneau « Ishibu Tanada ». Je n’ai pas de réseau pour savoir ce que c’est, mais je suis curieux donc je vais voir. Je me perds un peu, puis je me retrouve au milieu d’un champ de rizières en terrasse avec un moulin à eau au milieu et une vue sur le Pacifique. La classe. Par contre c’est raide !
Je quitte la route principale pour suivre la côte jusqu’à l’extrême sud de la péninsule. Beau littoral.
Le reste de la journée consiste à continuer au bord de l’eau jusqu’à Kawazu. Le ciel au dessus de la péninsule devient de plus en plus menaçant. Je monte (et c’est raide !) jusqu’à un premier parc qui est fermé pour la nuit. Je continue jusqu’au tout petit parc de la mine, où une source d’eau chaude jailli. Je m’installe ici pour la nuit, même si j’ai un peu de mal à trouver un coin qui ne soit pas trop lumineux. Il pleut bien durant la nuit.
Ancienne carrière de pierres utilisées pour les châteaux
Ilot volcanique avec des marches taillées pour y monter
Source chaude du parc de la mine
Jour 16 : Kawazu – Hiratsuka (105km)
Dernière vraie journée de vélo, vu que demain il ne s’agira que de rejoindre Tokyo…
Ça commence par un faux plat montant jusqu’à une célèbre portion de route (cf. photos). Mais avant ça, je tourne pour aller voir quelques cascades. C’est désert, j’en profite. De retour sur la route, je monte dans le pont circulaire (c’est rigolo) et continue la montée qui est maintenant bien plus sévère. Le ciel se dégage petit à petit. Passage du tunnel-col et descente vers la cascade de Joren. Elle est plutôt jolie (surtout que j’y passe entre deux cars de touristes, donc c’est assez calme) et il y a un champ de wasabi juste à côté.
Je termine ma descente jusqu’à Izu avant d’attaquer mon dernier col. J’y vais doucement (pour savourer, hein :D). Rizières, montagnes et forêts… Au revoir. La fin est un peu raide. De l’autre côté une descente tortueuse m’amène au Pacifique, que je suis toute la fin de journée. Rien d’intéressant, et routes passantes.
Je suis maintenant dans la banlieue éloignée de Tokyo (60km). C’est très urbanisé. Pour dormir, je décide de tester un « internet café » : pour une vingtaine d’euro j’ai un box assez grand pour que je puisse m’allonger, un fauteuil confortable, un ordi et des boissons à volonté. C’est pas la meilleure nuit du monde, mais c’est typiquement japonais. 😀 L’un des cyclotouriste japonais que j’ai croisé m’avait dit qu’il dormait dans ce genre de truc en cas de pluie.
Première vue sur le pont circulaire
100Y/0.85€ pour trois cailloux (oui oui) qu’on peut jeter l’un après l’autre. Si l’un d’entre eux reste sur le gros rocher, ton vœu sera exaucé.
Dernière cascade accessible en vélo
Jour 17 : Hiratsuka – Tokyo (60km)
Derniers coups de pédales…
Je pars vers 8h. Y’a des voitures partout, je zig-zag entre chaussée et trottoirs (les vélos roulent un peu n’importe où au Japon), je n’avance pas et c’est insupportable. Je passe par un gros temple encore désert. Le ciel est encore nuageux, mais je viens d’apprendre que la saison des pluies avait officiellement commencé, donc c’est pour ça que c’est souvent couvert. Mais pas de pluie pour moi, cool.
Sinon rien de spécial à raconter pour cette journée, si ce n’est que je me fais encore avoir par les routes qui deviennent interdites au vélo sans prévenir. Je dois passer par les petites routes, ce qui en soit ne me dérange pas mais me fait perdre un temps fou vu que je dois vérifier ma position et mon itinéraire sur mon téléphone bien trop souvent.
J’ai décidé d’aller dans le quartier de Shinjuku de Tokyo, connu pour sa vie nocturne. Je vais y passer deux nuits dans un hôtel capsule (c’est aussi typiquement japonais, alors je voulais tester). Au menu, soirée linguistiques au bar avec des américains et des australiens (d’après ce qu’il m’ont raconté, la différence culturelle entre le « cunt » australien et le « motherfucker » américain mérite une thèse), resto typiques dans les petites rues, découvertes des sakés locaux…
Spécialité japonaise : les travails inutiles. Ici, trois gardiens de parking là où un stop ferait l’affaire.
Pachinko. Juste après cette photo plusieurs employés viendront s’assurer que je ne prends pas de photos.
Golden Gai (quartier de 100m² avec plus de 100 bars)
Retour à Kyoto
Une dernière anecdote pour la route : en voulant prendre le shinkansen pour rejoindre Kyoto, je me suis fait refouler à cause de mon vélo (« trop grand »). Après 3h (littéralement) d’explications, négociations et essais divers et variés, plusieurs employés décident de démonter mon vélo et de le mettre dans des cartons. Heureusement qu’ensuite ils m’aident à monter dans le train… Mais mon vélo prend maintenant deux fois plus de place qu’initialement et j’ai mobilisé jusqu’à huit (!!) employés simultanément. La logique japonaise… Avant cette solution, ils m’avaient proposé de passer par un transporteur pour l’envoyer à Kyoto, sans garantie que je l’ai avant mon départ en avion et pour la modique somme de 400€ (pour un vélo en valant 500 neuf). C’est typiquement japonais ça, un savant mélange de respect débile des règles et de serviabilité presque dérangeante.
Je reste une journée/deux nuits à Kyoto où je me balade un peu, donc je mets ici quelques photos.