Zigzags entre crêtes et plateaux des préalpes

J’aurais aussi pu ajouter « rencontre MUL impromptue, 2ème édition » (la première édition, [url=http://www.randonner-leger.org/forum/viewtopic.php?id=23601]c’était là[/url], et avec scal) dans le titre, mais j’avais pas assez de place. Pour savoir qui est le MUL que j’ai croisé, va falloir lire (suspens suspens). :p
Je suis rentré vendredi soir d’une rando de 7 jours dont l’idée m’a fortement été inspiré par la sortie de florencia, [url=http://www.randonner-leger.org/forum/viewtopic.php?id=23388]Des crêtes drômoises à la montagne de Lure[/url]. Cependant, en plus de faire le parcours dans l’autre sens (beaucoup plus simple d’aller à Sisteron que d’en revenir), j’ai fait quelques modifications, notamment le départ de Sisteron, donc, mais aussi le zap de la montagne de Lure (je voulais arriver dans le Vercors plus vite), etc. La trace globale ressemble donc à ça :
[img]http://www.randonner-leger.org/forum/uploads/6728_trace_15-05-15.png[/img]
Elle est accessible [url=http://www.visugpx.com/?i=TaakAOekAz]ici[/url].
Ça donne environ 215km, 12000m de D+, le tout en une semaine tout rond. J’avais prévu assez clairement le chemin jusqu’à l’Essaure, puis je comptais improviser dans le Vercors, avec la forte envie de passer par Serre-Brion et le Purgatoire. Comme la météo ne me laissait que 6 jours de beau avant le retour du mauvais temps, j’ai décidé de marcher vite pour pouvoir faire Serrre-Brion par beau temps. Las, je ne suis même pas passé par là…
J’avais 10 jours de libres, et quelque chose comme enre 8 et 10 jours de nourriture dans le sac. J’en parlerais plus tard, mais moi et la nourriture en rando, c’est toute une histoire : j’avais clairement pas assez (j’étais à 2000kcal par jour…), et pourtant je suis rentré avec 1kg de nourriture…
Avant de commencer, un dernier « détail » : je n’avais jamais rien perdu en rando. Du coup, je me suis rattrapé en une fois : mon t-shirt ML s’est envolé le premier jour (je rejoins donc la pléïade des florenciades et zoreïades 😀 ), mon couteau le 5ème jour, et surtout, mon APN dans des circonstances particulières (vol…). Du coup, peu de photos, mauvaise qualité, et pas de photo du tout pour les deux premiers jours. :/
[b]Jour 1, de Sisteron au col de Branche : ça commence bien…[/b]
Levé à 5h, train jusqu’à Grenoble, puis covoit’ jusqu’à Sisteron : partir en rando se mérite. Le covoit’ fut bien sympa, le conducteur étant un amateur de sports de montagnes ayant déjà publié quelques récits d’expé dans expé mag ([url=http://www.skirandomag.com/news/index.php?post/2015/03/11/Ski-de-pente-raide-en-terre-de-Baffin]Deep in Baffin[/url], par exemple).
À Sisteron, je me charge en eau, et je pars sous un ciel qui se couvre petit à petit. Toute la semaine, ma technique de gestion de l’eau sera la même : porter le max d’eau (soit 3,25l) et boire comme un chameau à chaque source. Sous le soleil que j’ai eu, il me fallait bien ça pour tenir. Et avec mon litre minimum bu à chaque source, je pense que je buvais 7 ou 8l d’eau par jour…
Le chemin est facile à suivre : il s’agit du GR6, qui monte rapidemnt sur la crête du Mollard et que je suis jusqu’au col de la mairie. Parfois, quelques gouttes me rappellent que la météo a prévu de la pluie et des orages, mais heureusement je resterai sec toute la journée. Au col de la mairie, je décide de tenter ma chance par la Vigne de Guerre (qui donnerait probablement les raisins de la colère, s’il y avait des vignes…), où je pense que ça doit passer même si la carte ne donne pas de chemin. En effet, une bonne sente permet de rejoindre le col de St Pensier sans difficulté (du col de la mairie, redescendre vers le nord, et prendre la première sente qui part à l’ouest). Le paysage est sympa, avec des sortes de canyons en sable gris.
Au col de St Pensiez, ça démarre doucement puis ça grimpe sec jusqu’aux ruines de la chapelle St Bevons, où je mange dans une belle pinède qui me protège de la petite pluie. Je continue sur le flanc de la montagne de l’Ubac. Plutôt que de prendre la large piste, je préfère essayer de couper par un sente indiquée sur la carte IGN. Si elle est bien présente au début, elle se cache vite sous les buissons et me voilà en mode sanglier. Mais au moins, je n’ai pas cédé au diktat de l piste balisée ! Ah tient, la piste… Bon, ben je cède. 😀 La montée au pas de Liérette est un grand moment, qui se termine en hors-sentier florencien dans le maquis. Mes jambes en garderont les traces toute la semaine (rien d’aussi marqué que florencia dans son maquis corse, mais bien plus de griffures que ce que j’estime nécessaire). Après avoir lutté longuement, j’arrive au col. Et si pour monter, je n’ai pas trouvé la sente notée par la carte, pour la descente… c’est pareil. Mais au moins c’est une belle hêtraie, certes peu entretenue mais quand même plus facile de passage. Sans que la pente est très raide, avec des petites falaises à désescalader. Bref, le pas de Liérette était le passage le plus logique pour moi, mais je le déconseille fortement.
Je descend jusqu’au torrent du Brison, où je me recharge en eau et je retire mon t-shirt ML, que j’accroche à l’extérieur de mon sac. Ensuite, longue montée jusqu’au col de Blauge, et perte de mon ML, probablement au profit du vent qui soufflait bien. La poisse.
La montée au sommet de la crête de l’Âne est dure. Très dure. Digne d’un km vertical, surtout qu’il n’y a pas de sente. Quelques balises récentes sont là, mais trop sporadiquement placée. Pour la première fois, mais pas la dernière, je vais me demander qui se charge du balisage : un mauvais balisage sera semble-t-il une constante jusqu’au Vercors.
Je redescend au col St Pierre, et je remonte au col de Branche pour dormir. Moins de 25km, mais je suis crevé. Va falloir améliorer ça pour la suite.
Premier test en situation de mon mélange purée + soupe à l’oignon. C’est pas le must, mais ça cale bien. test concluant, donc.
[b]Jour 2, du col de Branche à Orpierre : des crêtes, rien que des crêtes[/b]
Il y a eu de l’orage et de la pluie en début de nuit. Ça me permet de découvrir le deuxième défaut du cuben (le premier, c’est que ça prend infiniment plus de place que le silnylon, et donc que c’est chiant à ranger) : l’eau reste dessus. Je range donc mon abri trempé au fond du sac… Faut que je vois pour la possibilité de le laisser dehors (grâce à une poche filet ?) malgré son volume important.
Deuxième enseignement de la nuit : la doudoune sur les bras nus (merci à la perte de mon ML), c’est pas agréable du tout. J’ai presque eu froid d’ailleurs, mais je ne sais pas pourquoi. Le reste du temps, j’aurais trop chaud (au point de m’empêcher de dormir correctement). Le comble, à 1500m avec 250g de duvet seulement… J’en parlerai dans la partie liste.
Le chemin jusqu’au sommet des Bayles est évident. Tellement, que je rate l’intersection pour descendre au col de la Carasse. Pas grave, une bonne sente reste sur la crête, donc ça me va. Sauf que rapidement, la crête semble devenir impraticable et la sente se perd (oui, pour une fois je suis sûr que c’est la sente qui se perd, et pas moi qui perd la sente :p ). Je continue donc à flanc, dans la forêt. Le mode sanglier, c’est définitivement mon truc. Je reprend pied sous le sommet de la Platte, où se trouvent de magnifiques zones de bivouac. Passage au sommet, puis redescente au col de Blauri par une piste. Du col, je fais un aller-retour à la fontaine du Travers, qui coule bien. Attention, elle est mal placée sur la carte : elle est en contre-bas du chemin, dans une sorte de clairière formée par la chute d’un gros arbre. De toute façon, elle est dure à manquer avec son bidon bleue. Je repars donc vers le col St Pierre (pas le même que celui de la veille) bien chargé en eau), puis je monte le pic St Cyr. De là, longue crête, puis descente vers les gorges de la Méouge. Sur la carte, plusieurs chemins semblent convenir pour descendre dans les gorges, mais le seul que j’ai trouvé est celui de ma trace. Passage par le pont romain (qui date du XIVe, c’est donc plutôt un pont roman. Ou un pont byzantin. :p ) et les magnifiques gorges.
La montée sur le goudron vers Plumet est un peu ennuyante, mais ménage de beaux points de vue sur ces gorges qui méritent définitivement le détour. À Plumet, je me recharge en eau (important, car il n’y a plus d’eau jusqu’à Orpierre, et la montagne de Chabre est bien exposée au soleil), puis je monte en suivant le GRP. C’est une large piste au soleil, donc c’est franchement chiant. La fin de la montée sur la crête se fait sur un sentier bien sympathique, surtout par contraste avec le GRP. Je mange une fois sur la crête, puis je rejoins une piste qui m’amène jusqu’au sommet de la montagne de Chabre. De là, je prend une petite sente, indiquée partout (sur les cartes, les panneaux indicateurs, etc.), mais qui semble très peu utilisée. Elle est balisée en jaune, et reste toujours sur la crête ou à proximité immédiate (ne faites pas comme moi, au début j’ai suivi un autre balisage jaune qui a voulu me faire descendre, avant que je me doute de quelque chose et remonte sur la crête). Le cheminement est logique, mais long. Looooooong. Arrivé au col St Ange, j’en ai marre.  Je me dépêche, pour arriver assez tôt à Orpierre pour acheter  un peu de nourriture : je suis un peu limite pour tenir 10 jours, et je ne pense pas tenir longtemps en mangeant uniquement une galette de blé et un tiers (70g) de chorizo tous les midis.
Je suis à Orpierre assez tôt pour passer à la supérette (prix prohibitifs!). Mais, je suis à Orpierre trop tard pour reprendre le chemin, et je ne sais pas où bivouaquer. Je craque donc et m’offre une nuit en gite. Je suis tout seul dans un gite pour 15 personnes, au moins j’ai de la place. Le soir, je prépare mon itinéraire du lendemain dans la cuisine, en bas, avant de monter avec mes affaires me coucher (oui, ces précisions inutiles ont leur importance pour la suite).
[b]Jour 3, d’Orpierre au col d’Arron : où j’apprends à relativiser[/b]
Je me lève, et commence à me préparer en grignotant la fin de ma boite de cookies. Tiens, où est la pochette de mon APN ? C’est dans celle-ci que je mets mes cartes de la journée, donc je l’avais descendu la veille au soir pour prendre les cartes. J’ai oublié de la remonter, et quelqu’un est passé dans la nuit se servir (la porte du gîte ne ferme pas, et je ne suis pas du genre à m’inquiéter pour une porte ouverte). Voilà, début du troisième jour, et plus d’APN. Super.
Bon, j’suis un peu vert, normal, mais je suis un peu responsable aussi. C’est con de se dire responsable d’un vol dont on a été victime, mais la nature humaine étant ce qu’elle est, il ne faut pas la tenter… Je passe prévenir le proprio du gîte, qui est absent, mais une charmante dame d’un certain âge compatit avec moi. C’est pas ça qui me rendra l’APN, mais c’est toujours bon à prendre. Finalement, je reprends la route.
En montant vers le Suillet, bien entendu, je cogite sur ce vol. Étonnament, ça me perturbe pas tant que ça. Bon, ça fait 250€ de disparu, donc pour mon budget d’étudiant ça fait mal : déjà que devoir acheter piolet et crampons en plus, ça m’embêtait, maintenant je dois donc racheter un APN ; mais je me dis que ça aurait pu être pire, que le vol ne compromet pas la suite de ma rando. Je commence donc à prendre les photos avec mon smartphone. Forcément, j’en prends moins, et la qualité est encore pire.
La montée au Suillet est tranquille, mais je suis un peu déçu une fois arrivé au sommet : je suis dans les arbres, donc autant pour la vue. Heureusement, quelques trouées me laissent apercevoir un bout de paysage.
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Je repars vers le col de Garde, où je croise une petite dizaine de personnes en orange autour d’une table de pic-niques, pâté et rosé (à 10h du mat’), de gros 4×4 à côté. Des chasseurs ? Non, des membres de la Protection Civile là pour encadrer un trail. Bon, au moins je croiserais du monde aujourd’hui ! Je décline leur invitation (le rosé aussi tôt, c’est pas mon truc), et pars rapidement vers Trescléoux pour éviter les coureurs. Assez bas dans la vallée, vers 800m, je dérange deux chamois. Je ne pensais pas qu’ils descendaient autant, surtout avec les températures de ces derniers jours.
Au village, très vivant grâce au trail, qui semble mobiliser un nombre impressionnant de volontaires pour un « petit »trail (9 et 17km seulement), je me recharge en eau et me renseigne sur le parcours : malheureusement, le 17km passe par où je passe, et les coureurs doivent commencer à arriver d’ici peu. Je ne serais donc pas seul dans la montée.
Celle-ci est assez intense, et est rythmée par les coureurs qui me doublent au compte-goutte. J’arrive au point de séparation quelques 500m plus haut, alors que les 20 premiers coureurs m’ont doublé et que le gros de la troupe commence à arriver derrière moi.  Changement d’ambiance, je ne croiserais plus personne jusqu’au soir (même au village de Montclus). La fin de la montée est raide, mais au sommet une crête tranquille m’attend avec de beaux points de vue. Certains passages sont équipés, mais ne le méritent pas vraiment.
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La fin de la descente sur Montclus se fait en faisant un détour sur une large piste forestière, puis sur du bitume. Pas top, mais au village je trouve une magnifique fontaine (les points d’eau sont toujours magnifiques quand on est assoiffé sous le soleil brûlant) où je fais une assez longue pause (au moins 15 minutes!).
Je repars pour la dernière grosse montée de la journée, et pas la moindre : 700m jusqu’à la crête, et encore plus de 200m le long de cette dernière pour atteindre son sommet. Sur la crête, une génisse esseulée m’acclame à grands coups de clochettes. Je vois passer un animal : quatre pattes, gris, queue horizontale et passage éclair. Je me frotte les yeux : si je n’étais pas un sceptique, j’aurais bien pensé à un loup. Peu probable, ça doit être un chien en vadrouille. N’empêche que…
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[i]La crête de l’Eyglière, d’où je viens.[/i]
Pour le bivouac, je redescends au col d’Arron, sous l’impressionnate pente herbeuse du Duffre. Je cherche pendant quelques minutes la source de Fontfroide, mais ayant lu (un message de scal?) qu’elle était introuvable, je n’insiste pas. Je me pose pas loin de l’abri, ce qui me permet de profiter de la table et des banc. Le coin est absolument formidable pour un bivouac si on omet le manque d’eau. Les grandes zones herbeuses abritées du vent par les arbres sont un véritable appel aux nuits de plein air. Je regrette de ne pas avoir de sursac pour pouvoir faire une nuit à la belle étoile.
[b]Jour 4, du col d’Arron au col du Tat : les crêtes Drômoises, et toujours plus sanglier[/b]
« Toujours plus de sanglier », c’est une manière comme une autre de dire que je me suis perdu. Mais le matin, en partant, je ne le savais pas encore. Et heureusement, sinon ça m’aurait découragé alors que j’attaquais la mise en jambe : quoi de mieux pour se réveiller que la sévère pente du Duffre en hors-sentier ? Au sommet, je passe le petit col pour rejoindre la Pyramide. Là, je change mon programme, qui voulait que je continue sur la crête, pour descendre directement à la station : je suis en manque d’eau. C’est dingue cette addiction !
Au passage, je croise deux employés de la station qui bricolent un téléski et me confirment la présence d’eau plus bas. Je suis rassuré. À la station, grosse pause chameau. Deux litres ingurgités plus tard (je ne fais pas semblant d’avoir soif), je repars par une large piste qui m’amène tranquillement au col du Charron. De là, une sente sympathique part vers le colde Carabes. Je suis sur les crêtes Drômoises, la Drôme n’étant pas le département mais la rivière, dont la source se trouve dans la vallée en contrebas.
Sous le roc de la Tour, je perds vaguement la sente, mais je trouve des zones absolument parfaites pour le bivouac. Je retrouve la sente, et continue jusqu’à la fontaine de l’aup sur la belle crête. À la fontaine, je m’arrête manger, avant de faire les 200m de D+ restant avant le sommet de la Banne. La vue est magnifique.
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Et à partir de là, je ne sais pas trop ce que je fais. Je perd la sente (mal balisée en jaune), je descend trop, remonte la chercher sur la crête, reviens sur mes pas pour reprendre le balisage, qui se perd tout seul, je continue sur ce qui me semble logique… Et me retrouve sous la fontaine de l’Aup, à 50m de là où j’ai mangé. Je prends une piste forestière défoncée pensant suivre celle de la carte IGN, mais peine perdue : les travaux forestiers ont créé un enchevêtrement inextricable de larges pistes de mauvaise qualité, qui ne sont pas toutes sur les cartes. Je descends, je remonte, je fais le sanglier dans la forêt mal entretenue. Après plusieurs heures d’efforts et de pensées peu aimables pour les baliseurs du crû, je retrouve une piste sur laquelle je vois… des traces de vélo ! C’est mieux que des traces de tracteurs alors je les suis, et ça me ramène au col de Valdrôme. Plus de 3h pour une portion que j’avais estimée à moins d’une heure : ma motivation en a pris un coup.
Au col, je récupère du balisage. Et pour le coup, y’en a assez. Je ne le lâche plus, et j’arrive rapidement au col de Cabre.
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Je n’ai presque plus d’eau, donc nouveau changement de plan : j’abandonne l’idée d’aller faire le sanglier sur la crête et suis sagement le GR jusqu’à la mégalopole de Val Maravel (50 habitants en trois hameaux). Nouvelle pause chameau en lisant avec intérêt les comptes-rendus des conseils municipaux, bien loin de ce qu’on peut trouver dans les villes : « untel demande l’envoi d’une lettre aux organisateurs de telle compétition cycliste pour demander que les coureurs ferment bien les barrières des parcs à vaches ». 😀
Les 600m de D+ jusqu’à la montagne Chauvet sont difficiles, mais malgré la piste le cheminement le long de la rivière est agréable.
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J’hésite à dormir au col de l Mourières, mais je ne trouve pas d’emplacement qui me plaise plus que ça, et ça m’embête de prendre du retard sur le mauvais temps qui doit arriver dans deux jours. Donc, malgré les petites grottes où la cabane à moitié ruinée qui aurait pu m’abriter, je continue et remonte sur la crête d’en face. La vue sur le Devoluy y est magnifique, mais le vent souffle.
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[i]Le sommet d’Aurian, dernière grimpette de la journée[/i]
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[i]Le Devoluy magnifique[/i]
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Finalement, je me pose au col du Tat, en espérant que le vent ne change pas d’orientation dans la nuit et ne vienne pas m’embêter. Magnifique coucher de soleil en savourant ma purée Bocuse.
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Ma frontale (ou plutôt ses piles) me lâche définitivement. J’ai donc testé et désapprouvé la rando sans frontale : c’est pas pour moi. Heureusement, ma liseuse est rétro-éclairé, et le rétro-éclairage à 100 % me permet d’avoir une source de lumière pas trop mauvaise (je lis à 5 %, même dans la nuit noire). Et au vue de l’autonomie de ma liseuse, je ne me fais pas de soucis pour terminer la rando.
[b]Jour 5 : trilogie du sud du Vercors[/b]
Le début de cette journée ressemble à celui de la veille : départ du bivouac du col, et montée en hors-sentier sur le sommet qui me surplombe. Cette fois-ci, il s’agit du Quigouret, sur les pentes duquel je croiserai une petite bande de chamois. Comme souvent, la montée est rude mais la récompense en vaut la peine.
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Je me dirige ensuite vers le col de Vaunières en suivant la crête. Le début correspond à mes craintes, avec une progression en hors-sentier en forêt (je commence à avoir mon quota), mais très rapidement je trouve une bonne sente qui reste sur la crête jusqu’au col que j’atteins plutôt rapidement. J’avais initialement prévu de bivouaquer ici, avant de me perdre, et j’avoue regretter de ne pas l’avoir fait : il y a de bons emplacements, et une source non indiquée sur les cartes est à quelques mètres sur le GR. D’ailleurs, heureusement que j’ai croisé cette source sinon la journée aurait été beaucoup moins agréable.
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Une fois rechargé en eau, je suis le GR jusqu’au col Varaime, où j’attaque la grosse montée vers Toussière. C’est long et venteux. Sous le sommet, je distingue la fameuse sente de la serre des œufs, mais je ne verrais pas son début. Du coup, je ne prends  pas de risque et je passe par le col Navite.
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Les 100 derniers mètres de D- avant le col doivent se faire en forêt. Le sol est très gras, et je glisse plusieurs fois. Le dernier brin d’un de mes bâtons se tord ; je ne peux plus le plier. Ensuite je suis le chemin des Templiers jusqu’au col de Lus. Je croise deux ruisseaux qui cavalcadent, mais je ne prends pas d’eau, pensant à la source du col de Lus décrite par Myrtille. Mais bon, au col je ne verrais rien. En fait j’ai mal lu son CR (et j’ai été induit en erreur par Jobig [url=http://www.randonner-leger.org/forum/viewtopic.php?pid=397447#p397447]ici[/url], le traitre :p), je pense que la source est en contrebas du col, et donc pas sur mon chemin.  Un peu avant Combetière, un filet d’eau sort du talus. J’y fais le chameau et remplis ma petite bouteille. Mais plus loin, je me rend compte que l’eau est trouble. Je ne sais pas trop ce que j’ai bu.
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Au col de Grimone, je marche un kilomètre sur la route pour rejoindre le départ de l’ascension du Jocou, où je mange (au départ, pas au sommet :p ). Je suis juste à côté d’un ruisseau (eau de qualité cette fois-ci), et une seule voiture passe durant ma pause : c’est un emplacement idéal pour une pause. La montée qui suit est costaude, mais au moins on s’élève vite. Je croise un chamois plus curieux que peureux, ça change.
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Au niveau de l’abreuvoir noté sur la carte IGN se trouve une bonne source. Petite pause, et je continue jusqu’au col de Vente-cul. Seule une petite brise me tient compagnie, alors que je m’attendais au pire. Je termine l’ascension du Jocou. La crête finale est l’un des plus beaux points de vue de ma rando : le Vercors devant, le Diois à gauche et le Devoluy à droite forment un décor absolument magique.
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C’est au sommet que je retrouve le vent, plus violent que jamais. Je ne m’attarde pas et commence la descente. Je suis fatigué, et jusqu’au col de Seysse le chemin est particulièrement désagréable, très raide et pierreux. Ensuite je retrouve un chemin de crête plus classique, puis une sente perdue dans les alpages pour rejoindre la piste qui me mène au col de Menée. J’aurais pu passer par le mont Barral, mais je fatigue et je veux (dois) arriver à l’Essaure ce soir pour récupérer de l’eau.
Au col de Menée, je ne m’attarde pas et remonte directement sur la crête qui me fait face. Ca y est, je suis dans le Vercors pour de bon ! Je retrouve une bonne sente qui suit la crête de plus ou moins prêt. C’est parfait pour moi qui veut limiter le D+.  Le paysage est somptueux, avec de magnifiques vues sur les seigneurs des lieux (Grand Veymont et mont Aiguille) aux détours de la crête.
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J’arrive à la cabane de l’Essaure en divaguant tranquillement entre la crête et le vallon. Il est bientôt 19h, une source est pas loin et j’adore dormir en cabane : pourquoi ne pas m’arrêter là ? Je laisse mes affaires dans la cabane, où se trouvent déjà deux sacs, et pars en reconnaissance pour trouver la source (je n’ai pas la carte sous la main, donc je n’ai que mes vagues souvenirs pour la retrouver). Pas loin, je croise deux personnes, qui sont les occupants de la cabane. Ils m’indiquent où se trouve la source, donc je reviens avec eux à la cabane chercher mes affaires.
On discute un peu alors que je déballe mon matériel. En le voyant, l’une des personnes me reconnait : il s’agit de Zorey, et il a reconnu mon matériel d’après ma liste ! 😆 Ca fait une dizaine de jour qu’il tourne dans le Vercors, en bivouac ou en cabane. C’est donc une belle coïncidence que nous nous rencontrions.
Je passe une soirée agréable en leur compagnie et avec les trois autres personnes qui nous rejoignent. Ils sont tellement chargés en nourriture que je me dévoue pour finir leurs restes. 😀 Zorey me donne quelques indications pour ma journée du lendemain, qui est celle pour laquelle j’ai marché vite : c’est le dernier jour de beau temps prévu, et je dois passer par Serre-Brion.
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[b]Jour 6 : prudence est mère de sûreté, il parait[/b]
Même si je n’ai pas réussi à les suivre pour aller voir le lever du soleil, je pars assez tôt en direction de Chaumailloux. Zorey et moi échangeons nos numéros et proposons de nous retrouver à Pré Peyret le lendemain. Il fait beau, mais le ciel est un peu voilé, dommage.
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A Chaumailloux, je prends la sente cairnée qui va à la jasse de Peyre-rouge et qui ne présente aucune difficulté d’orientation. Je chemine dans le paysage le plus typique des haut-plateaux sud, j’adore ça. A la jasse, j’essaie de prendre la sente que Zorey m’avait indiquée pour aller en direction des Rochers du Parquet. Grâce à mes talents d’orientation hors-pairs et surtout à ma non-concentration, je me retrouve dans la plaine de la Queyrie. Tout le monde remarquera que depuis la Jasse, les Rochers du Parquet et la plaine de la Queyrie sont pas tout à fait dans la même direction… Le pire, c’est que j’ai bien vu que la sente revenait trop vers le nord, mais ça ne m’a pas trop perturbé. Pas grave, les Rochers seront pour une autre fois.
Je redescends un peu au niveau du pas des Bachassons pour remonter par le pas du Fouillet. Il est câblé, mais ne présente aucune difficulté. De retour sur la crête du Prayet, je continue jusqu’au col entre les Veymont, en croisant pas mal d’étagnes.
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L’ascension de l’aiguillette est très facile. Par contre, la face sud-est du Veymont m’inquiète. Cependant, tous les topos et renseignements que j’ai eu disent que ça passe facile, donc j’attaque la montée même si je reste dubitatif. Au final, ça passe. Ce n’est pas dur (pas besoin de mettre les mains), mais c’est raide et exposé ; mieux vaut ne pas glisser. Contrairement au topo de Sombardier, je ne reste pas le long de la crête (trop flippant), mais je me dirige vers le bord de la crête du Veymont. J’atteins ainsi rapidement le sentier qui mène au sommet. Le temps est couvert, le vent violent et la vue moyenne par rapport au Jocou de la veille, donc je ne m’attarde pas. Je reste juste le temps d’admirer le courage et l’abnégation de deux jeunes qui portent chacun des sacs équivalents à deux ou trois fois le mien. De grands expéditionnistes, à n’en pas douter. Ou des mulets, plus probablement.
Descente tranquille et connue jusqu’au pas de la ville, où je mange à l’abri du vent. Ensuite je remonte sur la crête d’en face, que je suis jusqu’au pas de Berrièves. C’est un peu fatiguant, surtout que des petits paysages de lapiaz m’obligent à faire des détours. La descente entre le Rocher de Séguret et le balcon est sous le pas de Berrièves est longue. Dans la descente du pierrier du pas, je me pose la grande question de savoir si c’est plus embêtant de le descendre ou de le monter.
Je continue ensuite sur le balcon est. Je croise une harde de bouquetin, certains d’entre eux commençant déjà à se chauffer à grands coups de cornes. Plus loin, je passe un passage dit délicat… et me retrouve dans un talweg occupé par un long névé. C’est raide, difficile à contourner et je n’ai aucun matériel… La mort dans l’âme, je fais demi-tour. Comme le lendemain des orages sont prévus, le pas de Serre-Brion sera pour une prochaine fois. Je dois vraiment prévoir deux ou trois jours à passer entre les Erges et le Purgatoire.
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Je repasse entre les bouquetins, et remonte le pas. Du coup, j’ai ma réponse : il est aussi horrible en montée qu’en descente. Je décide de dormir à la jasse du Play, en contrebas. Je ne sais pas si c’est psychologique, mais je me sens très fatigué, et la descente se fait à une allure de sénateur. Je coupe pour rejoindre la source, qui coule bien.
La cabane est occupée par deux randonneurs, mais je passerai la soirée seul : ils ne sont pas très agréables, sûrs d’eux malgré leur inexpérience manifeste et leurs sacs de 25kg (!), et se couchent à 19h (!!).
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[b]Jour 7 : descendra, descendra pas ?[/b]
Départ tôt, vers 7h. La forêt est éveillée, les tétras-lyres aussi : j’en autant au moins 3 ou 4 différents glousser avant d’arriver à la jasse de la Chau. Je ne suis pas sûr à 100% que ça en soit, mais j’ai écouté en rentrant et ça y ressemblait grandement.
Après la jasse de la Chau, presque sur un malentendu je trouve l’impressionnant scialet et la source des Serrons (qui coule tout doux). De là, une bonne sente puis quelques rares cairns m’amènent sous le pas des Chattons, qui n’a de pas que le nom. Les nuages s’amusent autour du Veymont.
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Je vais jusqu’à Pré Peyret, où j’apprends qu’ils étaient une quinzaine à passer la nuit. Zorey n’est pas là, normal. Je pars donc vers le col des Bachassons, en hésitant toujours sur la suite du programme.  Sous le col, je croise des bergers venus préparer la transhumance. Ils m’apprennent que la météo prévoit des orages pour l’après-midi, et de la neige pour les jours suivants. Comme je n’ai pas envie de subir ça, surtout avec une couche thermique en moins (et la doudoune à l’effort, c’est moyen), je décide de rentrer, et je préviens Zorey.
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[i]Balais des rapaces au-dessus de moi[/i]
J’attaque donc la longue descente. Pour changer un peu, et pour gagner un peu de temps, je décide de passer par Romeyer. Le chemin entre le petit village et Die est étonnamment agréable grâce à la rivière et aux canaux qui me suivent. J’arrive à Die vers 15h, sous une température caniculaire. Les orages arriveront bien plus tard, donc je me suis dépêché pour rien.
Arrivé chez moi, le soir, je revérifie la météo… qui a encore changé : maintenant, ils prévoient presque beau pour le week-end. Je suis déçu de ne pas être resté (comme quoi, ne pas croire la météo). Un message de Zorey ultérieur m’apprendra qu’il a effectivement neigé et que les températures ont bien chuté, et que lui aussi était redescendu (mais il est remonté depuis). Comme quoi, la météo…

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