De Grenoble à Valence par les crêtes du Vercors

Après plus d’un an sans rando à cause de mon genou, j’ai enfin pu remettre les pieds sur les chemins. Pour ça, quoi de mieux que le Vercors sous l’automne – en plus, plusieurs retours sur RL.org m’avaient mis l’eau à la bouche.

La trace complète du parcours, 150km sur 5 jours. En gros, j’ai suivi deux axes : premièrement du nord au sud, de Grenoble au Grand Veymont, en me rapprochant souvent des crêtes ; puis d’est en ouest, en restant toujours proche des crêtes. Ça m’a permit d’obtenir de beaux points de vue les premiers jours, mais je n’ai pas échappé au brouillard sur les jours 3 et 4, dommage.

Je dois remercier scal pour son topo qui a formé l’armature de la première partie du parcours, puis pour ses précieuses indications (que je n’ai malheureusement pas toutes suivies, voir dans le CR), et clec, qui m’a donné un renseignement complémentaire.

Jour 1 : ~30km, Grenoble → Roybon

Je suis venu à Grenoble la veille, et j’ai dormi chez un ami. Le départ est assez matinal, et après un arrêt petit-déj à une boulangerie (paquet de pâtisseries de la veille à 2.5€, tellement copieux que ça me fera aussi le repas de midi), me voilà en route vers 7h30 (avant changement d’heure, donc le soleil n’est pas encore levé). Bon, le début n’est pas folichon. Je chemine dans la ville, sur le goudron, jusqu’à finalement atteindre le début du GR9 qui s’élève vers le Moucherotte. Sous les trois pucelles, je prends un sentier en direction du trou poussebou, puis le « chemin de la vie » (noté comme tel sur la carte IGN, pas vu mention de ça sur le terrain). Le temps est beau, et entre les arbres j’ai de beaux points de vue sur Grenoble et les massifs environnants.


Sur ma première trace, j’avais prévu de passer par château Bouvier pour monter sur le Moucherotte en mode « dré dans l’pentu » (un mode que j’apprécie particulièrement, ça m’évite d’avoir à réfléchir), mais scal m’a fait remarqué que je devais ensuite faire un détour par la source, donc j’avais changé mes plans pour plutôt passer par le vallon des Forges. Sauf que, perdu dans mes pensées, je me retrouve au pied de château Bouvier sans avoir remarqué l’intersection – surtout qu’avec l’épais tapis de feuilles mortes, les sentiers ne sont pas toujours clairement visibles. Alors que j’hésite, une famille de mouflons (la maman, le papa, et le petit) me passe sous le nez. Première fois de ma vie que j’en vois !

La mère est cachée par l’arbre. Ça court vite ces bestiaux !

La mère est cachée par l’arbre. Ça court vite ces bestiaux !

Finalement, je décide de continuer sur ce chemin. Le sentier est clair et peu exposé, mais monte vraiment raide dans la pente. Encore et toujours, une belle vue.



Au sommet, comme scal l’avait prévu, je dois redescendre sur la source. Je me pose quelques minutes avaler quelques pâtisseries et savourer la vue avant de repartir.


La suite du parcours : crête jusqu’au pic St Michel

La suite du parcours : crête jusqu’au pic St Michel

Je me dirige vers la source ; sans faire gaffe, je prends le mauvais chemin (celui qui est large) au lieu du GR. Au bout d’un moment, étonné de ne pas voir de source, je demande à des gens qui montent s’ils l’ont vu plus bas. Nada. Je comprends donc mon erreur, et descend par une petite sente retrouver le GR en contrebas, puis la source. Ensuite je suis le GR, puis coupe pour rejoindre la crête un peu plus loin. Une sente serpente sur celle-ci, rendant la progression pas trop difficile.


Au dessus du habert des Ramées

Au dessus du habert des Ramées

Mais plus loin, le parcours se corse sérieusement. Je navigue au milieu des lapiaz, ce qui est déjà fatiguant en soit ; mais quand j’arrive en pleine forêt, ça devient vraiment difficile de progresser : les crevasses sont cachées, il faut souvent faire demi-tour, et j’avance tout doucement. Bref… Mais je croise un faisan un peu con qui me fait marrer (en gros, il me fuyait en tournant autour de moi).


Quand j’arrive sur le dessus du stade de neige, ça devient beaucoup plus facile. Je rattrape des sentes qui me mènent à quelques mètre sous le pic St Michel, dont j’atteins rapidement le sommet. De là, je peux découvrir tout le chemin parcouru depuis le matin.


Bon, par contre il commence à se faire tard, et j’ai besoin d’eau pour le bivouac (je bois beaucoup quand je suis en rando). Je décide donc de continuer. Je passe donc sur le sentier des deux cols, qui est déjà à l’ombre (mauvais côté de la crête). Le cheminement n’est pas très difficile, mais je suis fatigué, donc je n’avance pas très vite. Arrivé sous le col vert, j’hésite, puis suis une trace, qui m’amène à côté du col. Je dois redescendre, couper à flanc, et retrouver le col un peu plus loin. Mais là…



scal m’avait dit de continuer sur le sentier perronard, où une source non indiquée se trouve un peu plus loin. Mais, fatigué, je préfère jouer la sécurité et descendre quelques centaines de mètres pour bivouaquer juste à côté de la cabane du Roybon et de sa source. Ça me permet de garder quelques minutes de jours pour faire mumuse avec la MLD Patrol que m’a vendue jeanjacques, que j’ai reçue la veille et que je n’avais pas eu le temps de tester.

C’est aussi le baptême du feu pour mon top notch stove, que j’avais construit deux jours avant (flemme de faire ça plus tôt, je hais bricoler à un point…) et juste testé dans ma cuisine. Mais… le briquet ne fonctionne pas. Me voilà donc en train de taper dans le repas de midi du lendemain (je me garde les nouilles chinoises crues pour les jours de désespoir). La suite de la rando s’annonce sous de bons auspices…

Jour 2 : ~25km, Roybon → jasse du Play

C’était la nuit du changement d’heure. Maintenant, le soleil se lève à 7h et il fait nuit à 18h. Comme ces horaires ne me conviennent pas (ça me fait des journées de 5h à 20h, psychologiquement ça me va pas du tout :p), je décide de ne pas faire le changement d’heure (oui oui, je sais que ça ne change rien, c’est purement psychologique). Pour la suite, je donnerai les « horaires officiels », pas ceux que j’avais moi.
Du coup, réveil à 5h (quand je vous dis que ça fait tôt…). Alors que je commence à ranger plus ou moins dans le noir, j’attrape mon sac et des cacahouètes me tombe dessus. Sachant que je n’avais pas ouvert le sachet, ça m’étonne ; j’allume ma lampe, et constate que j’ai eu de la visite pendant la nuit : 400gr de cacahouète en moins (sur 500gr, et de toute façon je jette le reste), et surtout le filet extérieur de mon sac complètement détruit. :/ (je n’ai pas de photo avec moi, j’en mettrai une à la fin du CR). Breeeeeef, je le sens de bien en mieux…

Donc je pars dans la nuit, à la frontale. Normalement il y a un sentier qui remonte vers le chemin Perronard en m’évitant de revenir sur mes pas de la veille, mais je ne le trouve pas. Pour ne pas perdre trop de temps je remonte par là où je suis descendu, puis je me dirige vers le pas de l’Œil alors que le jour se fait peu à peu.


Comme hier, je n’avance pas très vite, et j’ai sous-estimé la distance, donc contrairement à mes espérances je rate le lever de soleil depuis le pas de l’Œil, même si la vue… Whaou !




La suite du chemin, avec une harde de chamois qui profite du soleil

La suite du chemin, avec une harde de chamois qui profite du soleil

À la base, j’avais prévu de redescendre vers la baraque des Clots, puis de prendre le sentier vers le col des deux Sœurs. Mais un bon sentier partant plein sud me fait de l’œil et me fait espérer de pouvoir facilement couper à flanc jusqu’au pied de la Grande Moucherolle, donc je change mes plans.

Ici, je vous propose un petit tuto, que je nommerai « comment perdre du temps en rando » :
1. prendre quelques photos
2. repartir, de préférence sur un chemin avec du dénivelé et/ou technique
3. un peu plus tard, vouloir reprendre des photos (en l’occurrence pour moi, des photos de chamois au sommet des 100m de D+), et se rendre compte qu’on a laissé en bas le cache de l’appareil photo
4. redescendre le chercher, remonter, et savourer la perte de temps. Étape optionnel : se maudire de tous les noms.

‘fin bref, me voilà en vue de la Grande Moucherolle, avec une traversée à flanc à faire.


Au début, la sente est bonne. Mais au fur et à mesure elle s’amenuise, et disparait juste avant d’arriver sur des grandes plaques de rochers (ou des petites falaises, selon comment on voit la chose), c’est à dire au moment où on en a le plus besoin. Bon, je m’engage par le haut, ça ne passe pas. Au milieu, par là… non. Et par ici ? Toujours pas. Vers le bas ? Oula, ça craint… Vingt minutes et quelques sueurs froides plus tard, je peux continuer.

Pas si facile que ça…

Pas si facile que ça…

Pour la suite, il faut parfois poser les mains, mais rien d’aussi délicat. Finalement, me voilà au pied de la Grande Moucherolle, où une harde de quelques bouquetins mâles fait ses réserves pour l’hiver sans me calculer quand je passe.



Sur le topo de scal, il est indiqué « quelques pas d’escalade » pour ce qui concerne l’ascension. Doux euphémismes… Moi et mes chaussures complétement usées (semelle lisse, système de serrage cassé et bouts qui se décollent), on fait pas les marioles dans ce passage (très) exposé. Je suis bien content de ne le faire qu’à la montée (honnêtement, ça aurait été délicat pour la descente), surtout que le terrain est très humide et glissant : il a neigé quelques jours avant, et même si ça a tout fondu, ça n’a pas séché, et il fait assez froid pour geler durant la nuit.

La petite arrête sommitale

La petite arrête sommitale

Au sommet, la vue est magnifique, mais je ne m’attarde pas à cause du vent mordant.


La descente est plus simple, même s’il faut toujours mettre les mains. Une harde d’étagnes occupe ce versant.



La Petite Moucherolle. L’ascension se fait dans la faille parallèle à la crête.

La Petite Moucherolle. L’ascension se fait dans la faille parallèle à la crête.

La montée à la Petite Moucherolle est impressionnante au premier abord, mais se fait finalement assez facilement. Du haut, je me dirige vers la cabane éponyme, qui est la cabane d’arrivée d’un télésiège. Je me pose sur la terrasse pour manger un bout. À l’intérieur se trouve plusieurs boites d’allumettes : j’en pique quelques unes ainsi qu’un bout de gratoir pour me permettre d’allumer le réchaud. Un problème de réglé, un !

Bon, par contre je commence à fatiguer. Ma condition physique s’est détériorée pendant ma pause forcée (merci le genou), mais je n’ai pas tellement pris ça en compte lors de la préparation. Le truc, c’est que je n’ai pas tellement d’eau avec moi. Je décide de continuer sur les crêtes, et d’aviser plus tard. JE continue donc en direction du pas de la Balme, puis vers la tête de la Chaudière. De là, je me dirige encore vers le sud, tantôt sur les crêtes, tantôt à flanc. Je commence à avoir de beaux points de vue sur les haut-plâteaux nords.


Arrivé au gouffre, je descend lentement vers le Grand Pot : la fatigue, bien sûr, mais surtout le terrain. Pas de sente (j’ai probablement encore une fois fait le mauvais choix, je pense qu’il y a une sente), et surtout un terrain très humide car souvent à l’ombre.
Au Grand Pot, je dois prendre la décision : redescendre sur le GR et aller vers la jasse du Play, où je suis sûr de trouver de l’eau, ou faire ce que scal m’a proposé : remonter sur les crêtes en hors-sentier, trouver une fontaine (qui n’est pas répertoriée sur les cartes IGN), et passer par les pas de la Morta et de Serre-Brion, très aériens mais très esthétiques. Le brouillard qui monte sur ces pas, le manque d’eau (et la crainte de ne pas trouver la fontaine) et surtout ma fatigue me font choisir la première solution. Je le regrette, mais je ne sais pas comment ça se serait goupillé si j’avais continué sur les crêtes (et où bivouaquer ?). Bon, ce sera pour une prochaine fois…

Donc je descends (lentement, toujours) vers la cabane de Carette, puis accélère une fois que le GR est atteint. J’atteins la fontaine de la jasse du Play juste avant la nuit, et plante l’abri sur un très bon emplacement juste à côté de la source.


Je peux enfin utiliser mon (superbe et mangifique) réchaud et savourer mes nouilles chinoises. Je lis quelques pages, mais ne tarde pas à me coucher. Demain, encore une longue journée m’attend.

Jour 3 : ~30km, jasse du Play → col de Vassieux

Encore une fois, je me lève vers 5h, avec pour idée de profiter du début du jour depuis le Grand Veymont. Encore une fois, je marche plus lentement qu’estimé, et je ne serais qu’au pas de la ville pour le lever du soleil (ce qui me permet tout de même d’avoir une belle vue).

Mais avant ça, départ dans le noir. Pour retrouver le GR, je préfère jouer la sécurité et revenir à la stèle plutôt que de couper en hors-sentier. Je me dirige ensuite vers la jasse de la Chau et sa fontaine. À partir de là, je tourne en rond quelques minutes, ayant perdu le GR et cherchant le départ du sentier vers le pas de la Ville. Finalement, je décide d’arrêter de réfléchir (ça rend les choses plus simples) et d’aller tout droit ; forcément, je tombe sur le sentier au bout de 3 minutes. Je monte donc doucement, mais assez rapidement pour doubler un couple juste sous le pas. En haut, on échange quelques mots quand ils me rejoignent. Le Monsieur m’annonce que « jeune comme je suis », je dois compter entre 1h30 et 1h45 pour atteindre le sommet du Grand Veymont… Oula, j’avais pas prévu ça du tout moi ! Quelques photos plus tard, je repars.


Plus haut, je croise deux étagnes avec deux cabris. Si les mères ne sont en rien perturbées par ma présence, les deux petits, eux, ne savent pas trop sur quel pied danser. Ils passent donc la moitié du temps à jouer entre eux, et l’autre moitié à me surveiller.


Plus loin sur les pentes, c’est toute une harde qui se trouve là. Les petits s’amusent à descendre la pente (raide, très raide !) en sautillant et en se bousculant. Dommage que je n’ai pas pensé à filmer la scène…
Finalement, j’arrive au sommet beaucoup plus rapidement qu’annoncé par le randonneur, malgré mes pauses au milieu des bouquetins. De là, les haut-plateaux sud se dévoilent sous le soleil matinal, et la mer de nuage lutte avec le soleil.




Une fois mon petit-déjeuner avalé, je redescends de l’autre côté, en direction du pas des Bachassons. La descente est raide et en plein soleil ; pour la première fois (et presque la dernière) depuis le début de la rando, j’ai chaud.

À gauche, la descente du Grand Veymont ; à droite, le Petit Veymont ; au premier plan, l’herbe encore gelée. Dès que je suis à l’ombre, je me les pèle sérieusement : c’est bon pour me faire accélérer.

À gauche, la descente du Grand Veymont ; à droite, le Petit Veymont ; au premier plan, l’herbe encore gelée. Dès que je suis à l’ombre, je me les pèle sérieusement : c’est bon pour me faire accélérer.

À la fontaine du pas des Bachassons je me recharge un peu en eau, puis continue vers la plaine de la Queyrie et Pré Peyret. J’avais hésité à continuer un peu en direction du sud, sur les haut-plateaux, mais ça m’aurait fait suivre les pas de florencia et je préfère ne pas marcher sur ses plate-bandes. 😀 Plus sérieusement, manque de temps, dommage.

La suite du programme : la crête qui commence à se faire manger par les nuages.

La suite du programme : la crête qui commence à se faire manger par les nuages.

La plaine de la Queyrie.

La plaine de la Queyrie.

À Pré Peyret, petite pause pour recharger les bouteilles, puis je continue plein est. Je dois faire la course avec les nuages, et il faut malheureusement avouer que je me fais très rapidement rattraper. Ce qui du haut ressemblait à une innocente et charmante mer de nuage est maintenant une purée de pois qui pèse rapidement sur le moral.
J’avais prévu de faire un peu de hors-sentier pour coller au plus prêt des crêtes, mais finalement je reste sagement sur le GR93.

Ambiance ambiance…

Ambiance ambiance…

Ça ne pourrait pas être plus automnale

Ça ne pourrait pas être plus automnale

Je m’arrête manger au col naturel au dessus du tunnel du col de Rousset. Les rochers de Chironnes sont voilés, mais je sens que le soleil n’est pas loin. Je continue sur le GR93, qui passe sur un chemin aménagé à flanc de falaise.


Au col, je pars vers les rochers de Chironnes, puis reste sur les crêtes jusqu’au but de l’Aiglette. La vue par temps dégagé est probablement magnifique. Probablement…
Puis c’est la descente vers le col de Vassieux ; rapidement, me voilà dans une jolie forêt automnale.


Je décide de m’arrêter au col. J’ai assez d’eau pour le bivouac, et j’ai peur de ne pas trouver d’emplacement si je continue (et d’après ce que je verrais le lendemain, il aurait fallut que je marche au moins 1h30 pour espérer retrouver un espace plat, donc j’ai bien fait).
Il n’est « que » 16h, j’ai donc encore 2h de jour, grand luxe. Ça me permet d’attaquer pour de bon mon livre (Great Expectations, de Dickens). À part deux promeneurs attardés, je ne verrais personne de la soirée.
Un coup de fil à mes parents pour me renseigner sur la météo prévue (et pour les rassurer, aussi). Demain, nuageux le matin, éclaircies l’après-midi. Je décide quand même de partir toujours aussi tôt, espérant avoir droit à un lever de soleil sur le Vercors…

Jour 4 : ~25km, col de Vassieux → ferme d’Ambel puis abri de Gardiole

Comme prévu, je me lève vers 5h30 et pars dans le noir. Premier objectif : le but St Génix, pour le lever du soleil. Oui, car j’ai encore espoir. Malheureusement, cet espoir s’étouffe vite dans les masses cotonneuses qui me suivront toute la journée. Du coup, je ne m’éternise pas au sommet et me dirige vers le plateau d’Urle, quelques 5km de crêtes plus loin. Le cheminement est agréable et roulant, donc j’avance bien. Puis bon, je ne suis pas ralenti par des séances d’observation au niveau des points de vue…

Au col de Font Payanne, je descends jusqu’à la source située en contre-bas. Juste à côté de celle-ci se trouve la cabane de mes rêves :


Je continue mon chemin et monte sur le plateau d’Urle. Dès que je peux, et malgré mes hésitations du fait du brouillard toujours aussi constant, je quitte le GR pour rejoindre les crêtes. Bon, je prends le chemin des écoliers avant d’arriver aux crêtes – je dois sortir la boussole pour les retrouver.

Sur les crêtes, le temps s’éclaircit légèrement. Le soleil n’est pas loin, mais toujours invisible, d’où une ambiance un peu spectrale, et un effet intéressant (à mi chemin entre le fantomatique raté et le contre-jour mal fait) à la horde de chamois que je croise.


Plus loin, c’est des chevaux aussi déprimés que moi, qui me font penser (ne me demandez pas pourquoi !) à Sleepy Hollow.


Passage rapide à la porte d’Urle, où le brouillard m’épargnera au moins la vue de la station de Font d’Urle, pourtant située à 600m d’après les panneaux. Je continue tout droit jusqu’à retrouver le GR juste avant le pas de l’infernet. Le truc, c’est que je n’ai même pas croisé le teleski que j’étais à peu près obligé de croiser. Deux solutions : je suis passé dessous sans le voir, ou je suis passé plus haut, auquel cas j’étais beaucoup plus prêt des crêtes que je ne le pensais… et je ne les ai pas vues. Breeeeef…

Le pas de la Ferrière marque l’entrée sur le plateau d’Ambel, et l’épuisement de ma motivation. Du coup, pause pic-nique, même s’il est encore tôt. J’ai prévu de bivouaquer pas loin de la ferme d’Ambel, donc deux possibilités s’offrent à moi : continuer sur le GR, ce qui me fait finir la journée dans une heure, ou continuer sur les crêtes, ce qui me fait finir la journée dans deux heures.

J’opte pour la seconde solution… et le regrette environ dix minutes après, les pieds trempés dans les champs d’herbes mi-hautes. Bon, c’est fait, je continue, en trainant la patte. J’suis pas pressé, et peut-être que si je traine je pourrais voir le soleil. Parce que oui, le brouillard s’est levé (enfin, les nuages se sont élevés, ce qui revient au même, le soleil en moins), et j’ai bon espoir pour des éclaircies. Finalement, j’arrive à voir le roc de Toulau, sur les pentes duquel nuages et soleil se livrent une féroce bataille.


Un peu plus loin sur les pentes, je rejoins un troupeau de vieux qui se dirige lui aussi vers la tête de la Dame. Une envie de me détacher d’eux et de leurs bruyantes jacasseries (et non pas une fierté mal placée en mes jambes de 20 ans, non non non !) me fait donner un coup d’accélérateur. Je quitte le sommet avant que les premiers n’arrivent ; de toute façon, y’avait rien à voir. Un peintre à la recherche de toutes les nuances que peuvent prendre les nuages et le brouillard aurait été ravi ; moi, je ne suis que déprimé. Je décide de courir à la ferme d’Ambel, de me barricader dedans et de lire. Au passage, petite photo ratée, et rattrapée (ou pas) à grand coups de Gimp. Résultat neo-instagram post-filtres :


La ferme d’Ambel est un beau batiment. Je m’enferme dedans alors que les premiers vrais rayons de soleil font leur apparition. Mais moi, je boude, c’est trop tard !
Une heure (ou deux) de lecture après, un couple me rejoins. Scoop : depuis quelques jours, un squatteur sévi par ici ; il a déjà fait peur à grand coups de hurlement à 2h du mat’ à d’autres randonneurs. Boooooon… Mais moi, j’ai vraiment la flemme d’aller bivouaquer maintenant ! Finalement, je suis le couple jusqu’à l’abri de la Guardiole, situé quelques minutes plus bas. Il est moins classe, mais plus tranquille, parait-il. En effet, on sera les seuls à profiter du poêle ronflant ; et je profite du repas pour faire sensation avec mon top notch stove de 7g. Eh oui, nous randonneur nous satisfaisons de bien peu pour nous la péter.

Hop, dodo. Demain, c’est la dernière journée, et il est annoncé grand beau. Ce sera donc une ascension matinale du roc de Toulau pour profiter de la vue.

Jour 5 : ~40km, plateau d’Ambel → Valence

Comme d’habitude, je pars tôt, car là encore le but est d’avoir le lever du soleil depuis un sommet, en l’occurrence le Roc de Touleaud que scal m’avait chaudement recommandé. Je peux voir les étoiles qui occupent la moitié du ciel, et devine que les nuages bouchent le reste ; j’espère que ça ira en s’améliorant.
J’ai un peu de mal à trouver le sentier qui monte sur le Roc. Finalement, je pars en mode sanglier dans la forêt, ce qui me permet de dire bonjour à un champ d’ortie (dur dur de les voir dans le noir, même avec ma frontale). Quand j’atteins la limite des arbres, je trouve facilement le sentier, mais le jour naissant me laisse peu d’espoir pour mon lever de soleil : les nuages sont partout.
J’arrive au sommet, et repars quasiment aussi sec. Pas grand chose à voir, trop de nuages. Pour la descente, je reste sur le sentier qui surplombe le GR93, et qui me permet d’arriver au col de la Bataille assez rapidement. Pendant ce temps, les nuages se font la mal, et le reste de la journée se fera sous un soleil de plomb.

La suite est simplissime, vu qu’il s’agit de suivre le GR93. Je passe par l’Échaillon (station de ski de fond), et après une longue descente me voilà à Léoncel, avec sa belle abbatiale :


Puis le GR alterne entre petites routes et sentiers forestiers très agréables :


Je m’arrête grignoter un peu au pas du Tour (premier repas de la journée), avant de descendre vers la vallée du Rhône. C’est long, surtout que mon genoux commence à râler (les restes de ma tendinite ?). À travers les arbres, je distingue Valence au loin :


Un panneau me rappelle ce qu’est la randonnée :


De là, je quitte le GR pour me diriger vers Châteaudouble. Je suis maintenant en terrain connu (j’y fais souvent du vélo, ou de la course à pied plus proche de Valence). Mon parcours est maintenant sur du goudron, donc pas top (surtout après 4,5 jours dans le Vercors), mais ça reste assez sympa :


Je donne un gros coup de collier et arrive chez moi, à Valence, un peu avant 16h. Une douche rapide, et je continue pour aller prendre le train et rentrer chez mes parents.

Voilà, j’ai enfin fini ce CR d’une rando absolument fantastique. Je conseille ce genre de parcours à tous : le Vercors, ce n’est pas que les haut-plateaux, c’est aussi les crêtes du sud, et des paysages plus simples mais tout

aussi bucoliques.

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