Post-confinement vosgien

Comme beaucoup, j’ai profité de la fin du confinement pour aller me réfugier dans les bois. Pour ça, rien de mieux que le massif forestier des Vosges et ses collines infiniment boisées. Cela faisait un moment que je prévoyais d’y aller, mais l’éloignement faisait que lorsque j’avais assez de jours pour y aller, je préférais finalement aller dans les Alpes (plus hautes et impressionnantes). Mais en ce mois de juin encore assez enneigé, les Vosges semblaient tout indiquées. Elles promettaient aussi une reprise toute en douceur de la rando à pied, après plus d’un an où mon temps libre était passé les fesses vissées sur une selle de vélo.

Au programme donc, une traversée des Vosges se basant majoritairement sur le GR53 et diverses variantes, avec quelques améliorations m’évitant de redescendre dans la plaine d’Alsace. Mon itinéraire m’a de traverser la quasi intégralité des Vosges françaises, du parc des Vosges du nord au Grand Ballon. Seul le secteur du Ballon d’Alsace fut laissé de côté, pour cause de mauvais temps.

J’ai donc découvert un nouveau massif français. Le moins que je puisse dire, c’est qu’il est boisé. C’est d’ailleurs presque tout ce que je peux dire à son sujet, tellement la forêt est omniprésente. Les quelques points de vue ne montrent qu’un océan de vert, ou à de rares occasions la plaine d’Alsace. Plus que pour ses paysages, cette traversée des Vosges doit donc s’apprécier pour son ambiance et son calme.

Note : pour qui serait intéressé par la place qu’occupe la forêt dans la pratique du randonneur – et plus spécifiquement du randonneur léger issu de randonner-leger.org -, cet article (p. 57-64) d’E. Boutroy ainsi que cette discussion sont passionnants.

Malheureusement, j’ai eu du mal à trouver la sensation de m’être perdu dans la nature du fait de l’omniprésence des pistes forestière que les GR suivent dans leur plus grande partie. Après quelques jours où le simple fait d’être dehors à respirer l’air du printemps me suffisait, j’ai commencé à regretter mon vélo : pourquoi m’embêter à aller à pied, alors que le vélo me permettrait de voir exactement la même chose ? Certes, l’état d’esprit n’est pas le même, mais j’ai tout de même ressenti une certaine frustration à suivre ces pistes infinies.

Finalement, le charme des Vosges du nord vient surtout des ruines de châteaux qui parsèment les collines. Chaque éminence, chaque crête rocheuse possèdent leur tour abandonnée qu’on peut visiter en s’émerveillant de l’ingéniosité de ses bâtisseurs. Déchirant la mer sylvestre, elles sont autant de proues au sommet desquelles se déploie la forêt infinie. Souvent, les panneaux explicatifs démontrent la vacuité des nobles d’alors, construisant de petits châteaux à d’improbables endroits pour les abandonner peu après. Certains furent occupés par des brigands ; d’autres ne furent construits que pour en assiéger un autre (châteaux du Ramstein et de l’Ortenbourg).

Plus bas, d’autres ruines plus récentes viennent rappeler que la crête des Vosges a été la ligne de crête durant la grande guerre. Des bunkers enfoncées dans les bosquets surveillent les passants, et le sentier sur la tête des Faux serpente entre les barbelés. Quelques cimetières français ou allemand servent de mémorial à la folie des hommes.

Cette folie atteint son paroxysme au dessus de Shirmeck, où se trouve le Struthof, seul camp de concentration nazi implanté sur le territoire français. Son rôle premier fut de donner de la main d’œuvre aux carrières locales, mais une chambre à gaz y fonctionna aussi.

Plus je descendais vers le sud, plus les Vosges s’élevaient. Enfin j’arrivais sur des crêtes nues offrant un autre spectacle que l’arbre suivant. J’entrais alors dans le royaume des myrtilles et des chamois, deux favoris des randonneurs. Ce trop bref passage au dessus de la limite des arbres marquait aussi pour moi la fin de cette rando d’une grosse semaine.

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