Le voyage n’a pas commencé sous les meilleurs auspices : on ne peut pas dire qu’arriver avec 25h de retard à sa destination soit un bon signe. Je quittais la France pour échapper à l’hiver, mais il a quand même eu le temps de se rappeler à mon bon souvenir grâce à la première neige de l’année qui a immobilisé mon premier avion au sol. Heureusement, j’ai été bien traité (chambre d’hôtel et repas) et, plus important, mon vélo aussi : son carton est arrivé das le même état qu’au départ. D’ailleurs, l’hostel où je loge a récupéré le carton pour le refiler au prochain cycliste dans le besoin. Finalement, ce retard n’aura servi qu’à me fournir de la matière pour une anecdote – tant mieux.J’avais prévu de passer la première journée à ne rien faire, si ce n’était remonter mon vélo. Finalement j’ai un peu bougé à droite à gauche, notamment en compagnie de personnes rencontrées sur place, mais je me suis fait violence et j’ai mis les mains dans le cambouis. La mécanique cycliste n’est toujours pas ma tasse de thé, donc je n’ai qu’à espérer que la chance reste de mon côté durant le voyage.Mon vélo fin prêt, le décalage horaire presque rattrapé, il ne me restait qu’à partir. Ce fut chose faite ce matin, pour le premier de mes deux départs. En effet, la route continue quelques kilomètres après Ushuaia, pour finir dans le parc national de la Tere de Feu. Comme c’est payant (8,3€), j’ai hésité à y aller, mais finalement je me suis dit que ce serait dommage de ne pas aller jusqu’au bout de la route du bout du monde. J’ai donc atteint aujourd’hui la fin de la route la plus au sud des Amériques, au prix d’un aller-retour de 55km.
Ne vous laissez pas leurrer par la photo du panneau : j’étais loin d’être tout seul. Des cars déversaient leurs touristes venus profiter des brumes patagonnienes (je suis mauvaise langue, il n’a pas plu pendant presque 1h à un moment).Le premier qui a eu l’idée de se faire prendre en photo avec mon vélo a lancé une mode dont je me serais bien passée – mais en même temps j’étais un peu la rock star des papys chinois, et c’est toujours ça de pris.Cette petite mise en bouche m’a aussi permis de me familiariser avec mon quotidien pour les prochaines semaines : ciel couvert avec autant d’averses que d’éclaircies et vent intense. Heureusement, je savais que je retournais à l’hostel pour une dernière nuit confortable, donc je n’ai pas pris le temps de me demander ce que je faisais là. Demain, je quitte définitivement la douce ville d’Ushuaia : plus que 29950km vers le nord, une broutille !