Des grands cols du sud au Lubéron

Dans ma préparation au voyage me restait une inconnue que je voulais explorer avant le départ : quel dénivelé je peux encaisser sur plusieurs jours sans être à plat le lendemain ? J’ai donc profité d’un week-end en famille prévu dans le Lubéron pour me prévoir un petit tour de 3,5 jours s’y terminant. Au départ de Briançon, le but était d’enchainer quelques classiques du vélo de route, avant de rejoindre mon point de chute en gravel. Le parcours final me fait emprunter 5 cols de plus de 2000m (Izoard, Vars, Bonette, Cayolle et Champs) et me permet de faire un peu de gravel une fois ces cols faits, le tout en 325km et plus de 7000m de dénivelé (7300 pour Openrunner, 8200 pour Strava : qui croire ?).

Pour faire ça, j’avais mon fidèle gravel Kona Rove ST en pneus de 47mm (bien pratiques dans la descente de la Bonette…), un porte-bagage arrière avec deux sacoches et une tente sur le PB. Bref, pas une monture faite sur mesure pour les grands cols alpins, mais quelque chose de confortable et polyvalent. La liste du matériel emmené est en fin de post.

Jour 1 : Briançon – Guillestre (50km, 1300m D+)

Départ de Lyon à 9h20, arrivée à Briançon à 14h45… Faut pas être pressé avec les TER. En plus, mon vélo est tombé dans le train, et sa patte de dérailleur s’est retordue (probablement car déjà fragilisée par sa rencontre avec un cheval dans le Vercors). Mon départ que je voulais rapide se transforme donc en recherche d’un magasin de vélo avec les doigts plein de cambouis (note à moi-même : un bout de tissu avec les outils pourrait être utile).

Bref, tout compte fait je ne pars que vers 16h. Avec la nuit qui arrive vers 19h, ça me laisse le temps de passer l’Izoard mais pas beaucoup plus. Je ne suis habituellement pas très rapide dans les cols, mais avec le vélo un peu chargé et un programme chargé le lendemain je souhaite vraiment prendre mon temps. Je tablais sur du 500m/h, ce qui est très, très lent, mais probablement le max que je pouvais faire si je voulais enchainer les jours suivants avec la même vitesse. (Ceci dit, avec le vélo chargé et mes kilos en trop, je partais déjà avec un désavantage certain).

Le montée est donc avalée tranquillement et régulièrement (une seule mini-pause à Cervières pour recharger en eau). Je n’hésite pas à mettre tout à gauche, et avec mon 40×42 ça veut dire que je mouline bien. L’avantage, c’est que je ne croise pas grand monde et j’ai la route rien que pour moi quand je décide d’aller voir à gauche si on y est mieux (verdict : c’est pareil qu’à droite). J’arrive au col alors que les dernières lueurs illuminent les montagnes autour de moi. Je prends juste le temps de faire la photo traditionnelle et j’attaque la descente. D’habitude je me passe de la photo du vélo sur le panneau du col, mais comme sur ce parcours les cols sont ma raison d’être ici, je prends le temps de céder à la tradition.

Je passe par la Casse Déserte, célébrissime parmi les cyclistes : c’est plutôt sympa, mais ça ne vaut pas ce qu’on peut voir en rando. Bref, surcôtée. Je continue la descente pleine balle jusqu’à Arvieux (mon compteur affiche un beau 75km/h, ça remonte ma moyenne horaire), où je m’arrête à une petite épicerie. Je repars avec une petite loupiotte dans le dos et profite des routes peu fréquentées pour pousser jusqu’à Guillestre dans la nuit déjà tombée. Je pose le camp en bordure de champ, un kilomètre avant le village.


La fin de la montée



Photo traditionnelle



La fameuse casse déserte


Jour 2 : Guillestre – Bayasse (83km, 2700m D+)

La nuit fut bonne et relativement chaude. Je sais que ce dernier point va changer, car les nuages annonciateurs de la perturbation qui doit me passer au dessus aujourd’hui sont arrivés. D’après la météo, je devrais être tranquille jusqu’en milieu d’après-midi, puis il devrait pleuvoir un peu. Ça ne me dérangerait que moyennement si ça ne correspondait pas exactement à mon passage à la Bonette (2800m tout de même). Bref, on verra au fur et à mesure.

Mais pour commencer, j’ai le col de Vars à passer. Il n’est pas très difficile mais assez long (1100m de montée en 20km), donc ça m’use un peu les jambes. Ça tombe bien, je suis là pour ça. La première partie de la montée se fait en compagnie de quelques voitures qui montent à la station, mais une fois dépassé le gros de celle-ci je suis au calme. J’arrive au col vers 10h, sous de lourds nuages mais au sec. Je ne traîne pas trop et descend vers Jausiers.

Juste avant Jausiers je me prends quelques gouttes ; à peine entré dans le village que c’est le déluge. Je me réfugie dans l’épicerie et mange à l’abri devant l’office de tourisme. C’est pas la joie et j’hésite sur la suite. Il m’est inconcevable de contourner la Bonette, que j’ai envie de faire depuis longtemps : qui voudrait rater 1600m de montée en 24km ? Bref, je cesse de tergiverser et profite de la fin de la pluie pour attaquer l’ascension. Elle est assez régulière, et sa difficulté provient surtout de sa longueur (et dans mon cas, des deux cols déjà gravi depuis moins de 24h). La première partie se fait globalement au sec, avec quelques averses. Mais assez rapidement, je suis sous les averses avec quelques accalmies. La montée est alors vraiment pas évidente, entre le vent, le brouillard et la température (3° au sommet). Mais je ne me presse pas, prend les quelques pauses qui me sont nécessaires (même si j’ai l’impression que c’est surtout psychologique, et que physiquement j’en avais pas tant besoin que ça).

Pour la vue au sommet, je repasserai (enfin ça va, j’étais déjà passé en rando dans le coin). Je rebrousse chemin sur quelques kilomètres avant de m’engager sur la piste qui descend à Bayasse. Elle est de qualité inégale, avec un long moment rocailleux qui me fait apprécier mes larges pneus. J’arrive à Bayasse trempé et les pieds gelés et pose la tente alors que le ciel se dégage petit à petit. Il me faudra plusieurs heures pour réchauffer mes pieds…


Col de Vars



Ciel menaçant



C’est parti !



Entre deux averses



L’arrivée dans le brouillard



Ambiance…



Belle vue du sommet



Début de la piste



Vallon de la Moutière



Bivouac frais et humide


Jour 3 : Bayasse – Tartonne (100km, 2100m D+)

Cette nuit il a fait froid : mon thermomètre (en fait mon compteur de vélo) affiche -1° dans l’abside. Et tout étant humide, c’est sans surprise que tout est gelé dehors (et ça inclut tente et vélo). Je traîne un peu dans le duvet, histoire de laisser au soleil le temps d’attendre la route de l’autre côté de la vallée. Les premiers tours de pédales me permettent donc de me réchauffer rapidement, et c’est assez agréablement que j’arrive au col de la Cayolle. Comme Bayasse est situé dans la montée du col, finalement je ne fais que le dernier tiers de la montée (avec ses 30km de long, le col de la Cayolle est l’une des plus longue ascension de France). J’avais hésité à descendre vers Barcelonnette pour remonter par le col d’Allos, mais la Cayolle ayant la réputation d’être un superbe col j’ai décidé d’aller voir par moi-même (et c’est vrai).

Au col je discute avec des motards, puis avec des employés du parc du Mercantour, avant de descendre tranquillement jusqu’à Entraunes. Là, j’attaque le 5ème et dernier 2000 du parcours : le méconnu col des Champs. Il est assez court (1050m de D+ en 16km), mais un peu irrégulier avec de longs passages à 8% et deux passages à plus de 10%, donc pas si facile. Mais il est aussi désert (4 voitures croisées durant la montée) et très beau, donc c’est une belle découverte.

La descente est assez impressionnante et du coup un peu lente (même si le revêtement est neuf), mais j’arrive à Colmars les Alpes à 15h alors que l’épicerie n’ouvre qu’à 15h30. C’est parfait, ça me laisse le temps de faire sécher tente et duvet avant de manger mon premier vrai repas de la journée. Je repars vers 16h le long du Verdon, avant d’enchaîner sur de petites routes et finalement du gravel. Je termine la journée en campant dans la vallée de l’Asse.


Départ tout en fraicheur



Dans les Alpages



Arrivé au col



Aux sources du Var



Quel plaisir



Montée finale du col des Champs



Le col des Champs



Quelques kilomètres de gravel





Descente vers Tartonne



Coucher de soleil


Jour 4 : Tartonne – Mane (106km, 1100m D+)

C’est la journée finale, donc c’est celle qui doit me servir de liaison pour rejoindre la famille. Heureusement, j’aurais quand même de beaux passages avant les inévitables kilomètres de remplissage. Mais avant toute chose, je dois rejoindre Barrême par un long faux plat descendant (15km) qui serait agréable s’il ne faisait pas SUPER froid. Eh oui, en fond de vallée, la température reste basse et l’humidité stagne, ce qui n’arrange pas mes affaires.

À Barrême, je pourrais prendre la nationale pour aller tout droit au point final. Mais où serait le fun ? Du coup je choisis d’emprunter quelques pistes qui font des tours et détours dans le coin. Le début est très, très raide ; c’est en toute lenteur que j’avale les 700m de D+ sur un chemin de qualité variable (ça reste tout à fait honnête, surtout avec mes pneus de 47). Au fur et à mesure j’ai de belles vues sur les montagnes du Lubéron. Je passe la matinée à tournicoter sur les pistes forestières et DFCI. Finalement il est temps pour moi de retourner à la réalité, et j’attaque la descente en direction de la Durance. Au milieu je passe le pas d’Escale, ce qui me permet de faire quelques beaux kilomètres en balcon avant de terminer la descente par une raide et mauvaise piste.

Je rejoins la vallée d’Asse par une petite route, et de là j’ai une cinquantaine de kilomètres plus ou moins plat ou en légère descente. Rien de folichon, et les montagnes me manquent déjà. Je triche un peu en écoutant un podcast, mais ensuite la circulation se fait trop dense donc c’est en serrant les dents que je termine ce joli petit tour.


La pente s’est calmé



Qualité inégale (ici plutôt pas mal)



Vue sur les montagnes du Lubéron



Piste DFCI



Pas d’Escale



Route en balcon


Le matériel

Pour une bonne part, il correspond à ce que je vais emmener en voyage. Parmi les choses notables :

  • Sacoches Arkel Dry Lite : légères (550g la paire), un tout petit peu trop petites car j’aurais aimé pouvoir faire un tour de plus lorsque je ferme la sacoche contenant le duvet. Mais en voyage j’aurais deux sacoches de plus à l’avant, donc ça me permettra une meilleure répartition du volume et ça devrait aller.
  • Tente MSR Huba NX : première sortie. Le tissu fait définitivement plus léger (donc moins solide) que sur la Naturehike Cloud-Up 1. L’entrée sur le côté et l’abside de bonne taille sont de gros plus. Par contre la tente extérieure est en contact avec la chambre intérieure à certains endroits, c’est un peu dommage en cas d’humidité. J’ai eu pas mal de condensation, mais au vue des conditions assez humides je ne peux pas trop juger.
  • Sdc Ansabère 500 : étonnement, je sentais que je n’étais pas trop loin de la température confort (alors que j’avais une doudoune et que la température dans la tente était vers 0). Au vu de la différence de poids avec mon quilt, j’aurais aimé avoir plus de marge.
  • Cuissard : sans rembourrage, parce que ce sera bien plus pratique en voyage. Pas eu de mal de fesse, mais mes journées étaient trop courtes (en terme de kilomètres parcourus) pour que j’émette un jugement définitif.
  • Je n’avais pas d’équipement adapté à la pluie. Il faut absolument que je m’en occupe d’ici peu.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *