82mi/131km, 4 jours dont 2 demi-journées
Aujourd’hui, c’est presque repos. En effet, je ne suis qu’à quelques kilomètres de Twin Lakes ; le programme est d’y aller, d’y passer la journée en mode détente, puis d’aller bivouaquer un peu plus loin. Au dessus du village se trouve le Mont Elbert, point culminant des Rocheuses aux USA à 4400m et au menu de demain.
Je fais une grasse mat’ et donc je n’arrive à Twin Lakes que vers 9h. C’est un village de quelques dizaines de maisons, 170 habitants, une auberge et un magasin qui vend de tout. Beaucoup de randonneurs y envoient des colis, mais devinez quoi ? Pas moi. Heureusement, ils ont une sélection de junk food suffisante pour mes besoins. Ils ont aussi des tables et chaises à l’extérieur avec wi-fi et prises, le tout gratuit. C’est donc parti pour une journée de détente !
Ça fait 2 jours que je n’ai vu personne. Mais entre 9h et 12h, pas mal de monde arrive et nous sommes rapidement une bonne dizaine de CDTers à naviguer entre le stand de burger et le wi-fi. Vu qu’on a tous un peu le même rythme, ils étaient derrière moi sans pouvoir me rejoindre (et certains on pris l’ancien CDT légèrement plus court). Je retrouve enfin Icepus, mais ils sont surpris de me retrouver maintenant alors que j’étais censé avoir un jour d’avance sur eux. Je leur explique que j’ai pris un zéro à Salida, et ils décident de m’appeler Mister Mañana (Monsieur Demain) de part mon habitude à repousser mon départ des villes au lendemain. Du coup j’aurais trois surnoms avec eux : Grasshopper (mon surnom « officiel »), Mister Manana, et… Lazy Boy (« garçon feignant »). D’après eux, je suis le thru-hiker le plus feignant qu’ils aient jamais vus. Ça me flatte. Ils partent peu après manger car ils souhaitent monter le Mont Elbert aujourd’hui. Pour une fois les nuages sont peu menaçants et il semble qu’il n’y aura pas d’orage (chose rare sur ce sommet), donc ils veulent en profiter.
Je retrouve aussi Anchor et certains membres de son groupe. Des cinq, deux sont derrières et les deux autres décident de changer de rythme pour finir le CDT en mode express (avant le 20 août, mais en prenant les variantes les plus courtes). Anchor se retrouve donc seule. Comme elle voulait faire le Mont Elbert elle aussi, nous décidons de rester ensemble pour l’ascension le lendemain. Vers le milieu de l’après-midi, nous estimons que nous avons assez profité et repartons. L’idée est de camper à la limite des arbres pour terminer l’ascension demain matin.
Nous avons un bon rythme. Enfin, Anchor a un bon rythme et moi je suis du mieux que je peux. Mais du coup nous sommes à la limite des arbres alors qu’il est encore relativement tôt. Au vu de la bonne météo et de notre rythme, nous décidons de faire le sommet dès ce soir. C’est parti ! Très bonne décision : le sommet est pour nous tout seul (alors que le matin il est souvent envahi) et les couleurs du soirs revêtent les montagnes tout autour de nous, donnant une saveur particulière à ce paysage déjà magique.
Bon, c’est pas tout mais nous devons redescendre. Nous avons passé pas mal de temps à prendre des photos et le soleil est déjà en train de disparaitre derrière le Mount Massive (2ème plus haut sommet des Rocheuses des US, à quelques mètres prêt – il y a d’ailleurs eu une querelle de clochers pour savoir lequel était le plus haut, allant jusqu’à bâtir des amas de roches sur les sommets pour gagner quelques mètres). Nous courrons donc plus ou moins pour rejoindre les arbres, mais finalement nous n’allons pas si vite vu la quantité impressionnante de photos que nous prenons. A peine nous avons rejoins les arbres que nous nous jetons sur le premier emplacement presque plat pour y passer la nuit. Finalement, pour une journée de repos, c’était pas si reposant ! (1400m de dénivelé en environ 11km et à haute altitude : ça fatigue)
Le lendemain est une journée de transition majoritairement sous les arbres, au fond des vallées. Nous rattrapons et doublons Icepus, puis nous nous faisons rattraper par les deux allemands avec qui Anchor marchait jusque là. Nous les suivons quelques temps avant de les laisser s’envoler (ils vont vite !). Anchor et moi profitons de cette journée pour faire plus ample connaissance et nous décidons de rester ensemble au moins jusqu’à la prochaine ville.
Le jour suivant est assez similaire, jusqu’à ce que nous remontions sur les crêtes. Anchor a un sac qui pèse beaucoup plus lourd que le mien, mais elle me détruit dans chaque montée. Une fois en haut, nous restons ensemble car l’orage devient de plus en plus menaçant, et la météo prévoit le passage d’une perturbation d’importance dans les jours à venir. Après un col, nous trouvons un chalet ouvert (probablement un oubli, c’est un immense chalet à réserver en groupe) donc nous profitons de son abri pour manger. J’ai du réseau donc je recontacte Larry Boy pour savoir où il en est. Il a une chambre d’hôtel à Silverthorne et nous indique que depuis la station de ski de Copper Mountain (que nous devons traverser dans environ 2h), il y a des bus gratuits pour le rejoindre. Le débat « chambre d’hôtel » VS « nuit sous l’orage » est vite plié, donc nous rejoignons la station et prenons le bus (après avoir pris un goûter, forcément). Copper Mountain, Dillon, Silverthorn et Breckenridge sont toutes reliées entre elle par un système de bus gratuit. On voit qu’on est dans un coin assez riche…
Nous partageons donc la chambre avec Larry Boy pour la nuit. Le lendemain, le temps est couvert mais d’après la météo ça devrait se maintenir jusqu’en milieu d’après-midi, donc Anchor et moi décidons de faire la petite section (22km) qui sépare Copper Mountain et Breckenridge, comme ça ce sera fait. Enfin, pour être exact nous allons la faire à l’envers. Nous passons donc à Breckenridge en premier, notamment pour que je puisse récupérer la paire de chaussures neuves qui m’attend à la poste. Nous achetons aussi des canettes de coca car, comme nous allons à contre-sens, nous savons que nous allons rencontrer d’autres randonneurs donc nous allons faire du trail magic.
Comme prévu, nous rencontrons Icepus (surprise !). Ils rejoignent des amis et vont prendre un zero, donc il se peut qu’on ne les revoit pas avant un moment. Nous continuons en direction du col (pour résumer : Skittles et marmottes qui se battent), avant de redescendre en courant de l’autre côté car nous voulons éviter l’orage et prendre le bus le plus tôt possible (un bus toutes les heures, il ne faut pas se rater). Finalement, nous arrivons avec près de 15 minutes d’avance, et l’orage éclate quand nous rentrons dans le bus.
Une fois de retour à l’hôtel, nous rencontrons plein de randonneurs (c’est l’hôtel le moins cher du coin, donc tout le monde vient ici). En effet, la météo pour le lendemain est absolument horrible. Bon, bah on va prendre un zéro aussi. En plus c’est la coupe du monde et demain jouent l’Allemagne (y’a plein d’allemands dans la petite quinzaine qu’on est) puis la Suisse (Anchor est suisse).
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13-06-2018
Anchor arrive au sommet du Mont Elbert (4 401m, point culminant de la traversée mais en dehors du CDT officiel)
J’arrive au sommet du Mont Elbert – Photo prise par Anchor
Vue depuis le sommet
Crête de descente
Dernières ombres
Feu
15-06-2018
Le ciel est encore clair
Mais il se couvre rapidement
16-06-2018
« Il se passe quoi dehors ? »
« Je sais pas, viens voir toi même ! »
Anchor attaque la descente
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