109mi/175km, 4.5 jours
Comme prévu, le réveil est difficile. Après moins d’un mois de marche, je sens déjà que je ne tiens plus aussi bien l’alcool qu’avant. C’est finalement assez important à savoir vu la qualité des bières des micro-brasseries américaines. Elles sont vraiment pas mal, mais du coup faut faire gaffe. Enfin bref, on traine pour partir, d’autant que les premiers kilomètres sont sur une route sans ombre. De grands panneaux annoncent qu’il ne faut pas prendre d’auto-stoppeur à cause de la prison que nous croisons. Heureusement (ah bon ?), nous sommes du genre à marcher. (Quand je dis « nous », le groupe est maintenant Casper, Skunk et moi).
Finalement nous arrivons au départ du sentier. Le CDT a la réputation d’être à partir de maintenant beaucoup mieux (plus de paysages, de reliefs et de variété). Nous quittons la route pour attaquer une bonne petite montée jusqu’au plateau de la mesa (d’après Wikipédia : « une élévation de terre dont le dessus est plat et les côtés constitués de versants » ; les plus connues sont dans Monument Valley, et y’en a dans tous les westerns). Le temps se couvre petit à petit, et la progression est difficile (gueule de bois, chaleur et rando ne font pas très bon ménage). Au vue de la météo annoncée, Casper et moi décidons de zapper le sommet du Mt Taylor (premier sommet à plus de 3000) et de rester sur le tracé officiel. Skunk n’est pas du genre à se décourager pour si peu, donc il part devant pour bivouaquer un peu plus haut que nous (il ne le sait pas encore, mais il va profondément regretter cette décision).
Le lendemain matin il neige. On est passé de températures caniculaires à environ 0 en une journée. Le vent s’est aussi levé, et si Casper et moi sommes confortablement à l’abri des arbres, nous pensons très fort à Skunk. Plus tard il nous racontera que la tempête (parce que ça en est bien une – je ne dis pas ça pour faire senstation, c’est juste comme ça que les américains l’appelaient) l’a rattrapé lorsqu’il était au sommet, et qu’il a choisi de couper dans la pente plutôt que de suivre le chemin de crête, d’où une importante perte de temps (et une perte de sensibilité pour ses mains). Même pour Casper et moi, la journée n’est pas très rigolote, surtout qu’assez rapidement nous quittons les arbres pour nous retrouver sur un plateau sans grande protection contre la grêle horizontale qui nous arrive dessus. Heureusement ça se dégage dans l’après-midi et la fin de journée est belle, même si toujours fraiche.
Le lendemain nous arrivons de l’autre côté de la mesa. Le paysage est magnifique, digne d’un western. Nous redescendons dans la plaine et slalomons lentement autour des mesa. La fin de journée est magique. Rien de plus à ajouter, voyez les photos par vous même. En tout cas, le désert de ce côté est bien plus beau que ce qu’on a pu avoir depuis le début. Nous dormons au pied d’une mesa en nous demandant où est Skunk, que nous n’avons pas revu depuis qu’il nous a quitté pour monter sur le Mt Taylor (le fou). Au matin nous montons sur la mesa puis nous suivons le bord toute la journée. Les points de vue et les couleurs des roches sont fantastiques, et pour couronner le tout les petits cactus sont maintenant en fleur. Skunk nous rattrape en fin d’après-midi en me faisant une peur folle : je ne l’entends pas arriver derrière moi, et un grand allemand brûlé par le soleil qui te saute dessus au milieu de nulle part, ça fait son petit effet. Nous allons bivouaquer près d’une source au fond d’un petit canyon ; Casper était loin devant moi, mais pas de souci pour se retrouver pour le campement vu le peu d’endroit avec de l’eau dans ce coin. Alors que la nuit est tombée et que nous nous couchons, nous entendons de drôles de bruits qui ressemblent à quelqu’un qui chante (faux). C’est Dodgy qui nous a enfin rattrapé (et qui se doutait que nous serions là, encore une fois à cause de l’eau).
Nous partons assez tôt pour arriver pour le repas de midi à Cuba (oui, finalement on a tellement marché qu’on a fait comme Moïse et on a traversé la mer des Caraïbes – haha 😐 ). Le début est sympa, mais ensuite c’est long, surtout qu’on termine sur la route. Même si c’est la dernière route goudronnée qu’on aura à suivre avant un bon moment, ces 5mi/8km paraissent bien longs. Comme souvent, je passe le temps en appelant la famille et des amis, et ils commencent à comprendre que si j’appelle, c’est que je marche sur de la route.
Cuba n’est vraiment pas grande, mais il y a un McDo et de quoi faire un bon ravito, donc c’est pas si mal (oui, McDo est devenu ma référence : pour 7$ j’ai un repas qui me câle bien). Nous dormons chez un gars qui loue des chambres pour 20$ avec douche et lessive. Ces prix vont nous manquer quand on sera dans le Colorado.
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01-05-2018
Sur le plateau de la Mesa (avec la gueule de bois et avant la tempête)
On est vraiment à la limite de la neige
03-05-2018
Vue sur la plaine et sur les mesa
Autoportrait au coucher de soleil
Contemplation depuis le bord de la mesa
Le soleil est de plus en plus bas
Retrouvailles avec Skunk (qui a bien cramé)
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30 décembre 2022
Ton récit est un régal.
Je n’en suis qu’aux premiers épisodes et je suis déjà accro.
Tes petites touches d’humour me font rire.
Pepe (pct 2021 et peut être cdt un jour)