Calanques et Sainte-Baume

Quoi, ça fait deux semaines que j’ai fait cette sortie, et le CR n’est toujours pas fait ? Allez, hop hop, on se motive ! (EDIT anté-publication : finalement, ce sera trois semaines :D)

Après une tentative avortée l’année dernière pour cause de genou récalcitrant, je suis reparti en direction de la Provence et des calanques. Ça faisait longtemps que je voulais aller voir du côté de la patrie de Marcel Pagnol, et la neige encore présente en montagne m’a fourni une bonne excuse. Puis bon, les calanques étaient à voir.

La trace finale est . Elle fait une vingtaine de kilomètres de moins que ce qui était initialement prévu, car j’ai marché un peu moins vite qu’espéré.

Jour 1 : les calanques

J’ai dormi chez un pote à Marseille. Pendant la soirée, on décide qu’il m’accompagnera une partie de la matinée, même s’il se plaint par avance du vent qu’on va subir (bon, la suite ne lui donnera pas tort). :p
Du coup, le lendemain on prend le bus en direction de l’école de la marine marchande, en bas de Marseilleveyre. On trouve rapidement le chemin, et on commence l’ascension du plus haut sommet que j’ai jamais gravi. Avec ses 430m, il ferait peur au plus chevronné des alpinistes. 😆 On arrive à un col où, après quelques tergiversations, on part vers l’est. Perdu, Marseilleveyre c’était de l’autre côté. Pas grave, on continue vers le plateau de l’homme mort, où on a une belle vue sur le cirque des Walkyries, puis on redescend au col de Cortiou. Pendant tout ce temps, un mistral d’anthologie (et pourtant j’habite Valence, donc le vent je connais) nous tient compagnie. Mais le paysage est magnifique, la mer superbe, et les lieux, déserts. On savoure. Au col, je le raccompagne sur le GR jusqu’au niveau de la mer, où nous nous quittons.

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Pour revenir au col de Cortiou, je prend un chemin balisé qui suit le niveau de la mer avant de remonter brusquement sous le col. Par contre, ce que la carte ne disait pas, c’est que le chemin était plutôt exposé. Après m’être fourvoyé une première fois en suivant une sente de grimpeurs (et avoir fait demi-tour devant le vide), je retrouve le bon sentier, et me retrouve à désescalader des dalles une dizaine de mètres au-dessus de la mer. La dernière dalle forme une marche géante, que je ne peux passer qu’en posant le sac. La suite du chemin est du même acabit, et entre les portions bien roulantes se trouvent des passages techniques parfois câblés. Mais le jeu en vaut la chandelle, et le décor est absolument magnifique. Sous le col, je croise un groupe avec plusieurs enfants jeunes (moins de 6 ans). Je m’arrête quelques instants pour leur déconseiller le passage. Au vu des têtes effarées des mères, je crois qu’elles ne savaient pas dans quoi elles engageaient leurs gosses.


Mon sac est sur la dernière marche à franchir, petite tache noire sur la gauche.




Au col, je suis le chemin jusqu’au cap Morgiou, avec un arrêt pic-nique au col des Beaumettes (pensées pour ceux de la prison d’en bas, qui ne peuvent pas savourer le même paysage). Je passe au dessus de la calanque de Sormiou et de ses eaux turquoises. Toujours, le vent est omniprésent et pénible. À partir de Morgiou, je croise beaucoup de grimpeurs, que ce soit sur les falaises qui me surplombent ou sur les sentiers. Je continue jusqu’à la superbe calanque de Sugiton, où il y a quelques baigneurs, et je commence à monter sur les contreforts du mont Puget.



Mes réserves en eau commencent à être dangereusement faibles (je bois beaucoup), donc je décide de tirer tout droit jusqu’au puits du cap gros. Sur le plateau où se trouve le puits, rien n’arrête le vent, qui souffle toujours plus fort. Entre ça et le terrain caillouteux, je commence à me poser des questions pour mon bivouac du soir. Heureusement, je me souviens de la présence d’un abri au-dessus de la calanque d’en-vau, et m’en vais donc à sa recherche. Les derniers kilomètres sont difficiles : physiquement ça va, mais j’ai la plante des pieds extrêmement lasse et endolorie. Ce phénomène très gênant se répétera les jours suivants, m’empêchant de savourer pleinement et d’avancer à mon rythme. Peut-être est-ce du à ma nouvelle paire de chaussure ? :/




Finalement, j’arrive dans le petit abri, magnifiquement caché à flanc de falaise. Alors que je pense passer la nuit seul, je serais rejoins par deux groupes de deux grimpeurs. L’un des groupes (un gars d’une école voisine de la mienne et sa mère) avait lui aussi prévu de bivouaquer, avant de fuire devant le vent. Les deux autres sont des hipsters fumeurs de beuh qui ont monté des côtelettes d’agneaux pour fêter le week-end pascal. Pas très MULs, mais très sympathiques. Je suis le seul à passer une bonne nuit grâce à mes bouchons d’oreille, les autres étant tenus éveillés par le vent qui mugit.


Jour 2 : transition des calanques à la Ste Baume

Le programme de cette journée n’est pas bien folichon. Le début (fin des calanques) et la fin (arrivée sur la Ste-Baume) sont sympas, mais entre les deux ça n’a pas l’air réjouissant. Mais bon, après une bonne nuit dans l’abri (je suis le seul à avoir bien dormi malgré le vent, grâce à mes bouchons d’oreille), je pars assez tôt en direction de la belle calanque d’en-vau. Malheureusement, le temps reste couvert, donc autant pour mon lever de soleil depuis la calanque. De là, la carte IGN montre une sente qui remonte, et les grimpeurs m’avaient dit que ça passait : « de la crapahute », comme ils disent. Bon, le chemin est fermé et des panneaux le déconseillent formellement, mais j’ai tout sauf envie de revenir sur mes pas et de prendre le GR, donc je m’engage. Pour de la crapahute, c’en est ! Voir même de l’escalade, à trois passages distincts. Du 3, voir du 4a. Rien de difficile donc, mais de bonnes sensations et pas le droit à l’erreur.

Arrivé en haut, je suis la côte jusqu’à Cassis. Passage au refuge du ïolet, très bon endroit pour un bivouac (malgré les graffitis qui démontrent une fréquentation plus importante que l’abri de la nuit passée). Je passe au-dessus des calanques de Port Pin et de Port Miou avant d’arriver à Cassis. Là, je demande à deux policiers municipaux où se trouve la fontaine la plus proche, qui était bien cachée deux mètres derrières eux. 😀



Après une pose vaisselle/remplissage des réserves, je repars. Je prévois de suivre le GR pour me rapprocher de la Ste-Baume. À la sortie de la ville, la route monte raide. Au détour d’un virage, deux chiens en liberté, qui refuseront obstinément que je passe et qui me vaudront une belle frayeur (les chiens qui aboient en grondant, j’aime pas). Bon, je n’insiste pas trop et fait un détour par les vignobles voisins. Après avoir passé un grillage de deux fois ma taille (et gagné mon lot de griffures), je retrouve le GR et le suis. Gros chemin pour les pompiers, pas d’ombre et autoroute pas loin : j’ai vu mieux. Au cabanon des gardes, 50m sous la vigie anti-incendie, des jeunes se font un barbecue. Je continue, et fait ma pose de midi (à 14h) au cabanon du marquis. Puis je reprends le chemin en direction du col de l’ange. C’est enfin un petit chemin, beaucoup plus sympa, jusqu’à ce que je doive faire un kilomètre sur la route pour rejoindre le col. Mes pieds sont très douloureux (toujours la plante qui semble fatiguée, comme si j’avais fait 200km. Très embêtant.)



Du col, je continue sur le GR, qui est très sympa. Il monte régulièrement sur les pentes de la Ste Baume, au milieu de paysages Pagnolien. C’est grâce à lui, à ses livres et à ses films que je suis là, alors j’en profite. La montée finale avant le Défens est longue, mais en haut je suis récompensé par la plus belle zone de bivouac que j’ai vue de la journée (et pas loin d’être la seule). Le soir, je me balade tranquillement aux lueurs du soleil couchant en attendant que ma semoule gonfle.






Jour 3 : la Sainte Baume

Le départ se fait tranquillement jusqu’au col de l’aigle, où le chemin prend brusquement de l’altitude pour rejoindre la crête. Je la suis jusqu’au col du St Pilon. Le chemin n’est pas toujours agréable et le GR se perd parfois sur quelques mètres. Un peu avant le col, passage à la chapelle dont le porche sert d’abri aux animaux. À vu de nez (littéralement), ce sont les chèvres qui s’en servent le plus. Au col, je prend mon petit déj’ et repars quand les premiers randonneurs arrivent. Je continue sur la crête, qui prend parfois des accents alpins sous le soleil méditerranéen.

Mes pieds me font mal. Je peste.




Au pas de Villecroze, je redescend et prend le sentier merveilleux. Il est superbe, très roulant et dans la forêt. Mes pieds m’empêchent de le savourer pleinement. Je passe par les Béguines, où la carte IGN indiquent trois sources. Je n’en trouve aucune, donc je repars pour l’Hôtellerie de la Ste Baume. C’est l’affluence, des dizaines de groupes pic-niquent, jouent. Je prend de l’eau dans les toilettes publiques et m’arrête pas plus que nécessaire. Je prends des sentes de chasseur jusqu’à la Gande Bastide. Je continue sur des chemins de pompiers jusqu’à l’Adret, où je suis la route sur un petit kilomètre. De là, passage sympathique sur des sentes de chasseur jusqu’à ce que je récupère la route un peu après la Coutronne. Je la suis un moment, avant de prendre un large chemin de pompier qui s’élève doucement. C’est chiant, mais très roulant et j’en profite pour accélérer franchement. Toute la journée je me suis trainé à cause de mes pieds, là j’essaie de les oublier pour avancer. Je commence à chercher un endroit où bivouaquer, mais je ne vois rien. Finalement, sur l’autre versant, le lieu dit du Petit Tuny convient. Encore mieux, une magnifique cabane, avec tables (extérieures et intérieures), banc, restes de braises du midi et ambiance « tradition ». J’aime, donc je reste. Au fond du vallon se trouve une magnifique petite grotte en deux salle, la seconde très haute de plafond et avec un ex-voto et des dizaines de bougies.


Petit soirée tranquille. Lire devant les braises dans la nuit qui tombe lentement est fantastique, surtout pour moi qui ai facilement froid le soir.

Jour 4 : la Sainte Baume, suite et fin

Je suis à une heure de marche de mon terminus. Du coup, je change de plans. Je remonte par une petite sente jusqu’au col de l’Espigoulier, puis continue jusqu’au col du Cros. Là, je cache mon sac et monte sur le plan des Vaches et sur les dents de Roque Forcade. La vue est magnifique.




Mon sac récupéré, je peux rejoindre le col de Bertagne (d’ailleurs, la carte IGN (la nouvelle) est pas claire : je crois qu’elle indique le col de Bertagne au col du Cros, et qu’elle n’indique rien à par « Mon. » là où sur le terrain il y a le panneau du col de Bertagne), puis suivre les falaises du pic de Bertagne. Juste avant le pas de Cugens (assez impressionnant vu du bas), je m’engage sur la sente en direction du Gour de l’Oule, en me demandant bien ce que ça peut être. Elle est peu utilisée, et certains passages sont assez exposés, du type marnes schisteuses avec du gaz pas loin. Je ne sais toujours pas ce qu’est un « gour ».

Vue de la vire depuis le plan des Vaches. On remarque les passages caillouteux, pas facile à franchir.


Je reprend le gros chemin au niveau de l’abbaye de St-Pons, qui est en pleine effervescence : « Le sang de la vigne », graaand téléfilm français, y est en plein tournage. Je me dirige vers Gémenos en restant sur la rive opposée à la route. Finalement, je suis à l’arrêt du bus vers midi. C’est parfait, ça me fera arriver à Valence en fin d’aprem.

Conclusion

J’aime beaucoup la Provence. Le soleil, les odeurs, les paysages… Surtout que, assez ironiquement pour moi qui ai grandi en Haute-Savoie, ça m’évoque irrésistiblement mon enfance. C’est ça d’avoir lu, relu, et appris par cœur tout ce qu’a fait Pagnol, qui était incontestablement l’un de mes auteurs favoris.

Cependant, c’est dommage que le secteur soit autant urbanisé, et surtout que la protection incendie nécessite d’avoir autant de chemins praticables pour les pompiers et leurs gros camions. Sans ça, c’eut été beaucoup plus sauvage et intéressant.

Pareil pour les calanques : c’est beau, mais le monde présent (encore, je suis resté à l’écart des foules) est rébarbatif. En été, ça doit être irrespirable.

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